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Channel: Sens du client - Le blog des professionnels du marketing client et de la relation client
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Agnès Passault (Aquitem) et le Sens du client

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Je suis très heureux d'accueillir sur mon blog la présidente de la société Aquitem, une experte de la distribution et de la fidélité, à qui l'on doit le Baromètre de la fidélité dont je me fais écho à chaque Saint Fidèle le 24 avril (voir mon billet de cette année).
Agnès Passault est la co-créatrice de la société Aquitem née en 1987.
Cette PME française a démarré son activité dans les domaines de la gestion spécialisée du point de vente (Gestion des clients, fournisseurs, stocks, encaissements...) pour devenir leader national sur ce marché avec l'équipement de grandes chaînes de parfumeries ou de parfumeurs franchisés.
Aquitem a complété sa gamme de solutions de gestion avec un logiciel de gestion de boutique de mode qui s'adapte aux boutiques de prêt à porter mais aussi aux lingeries, arts de la table, magasins de sport, chaussures...
En 1998, Aquitem crée une division ZeFid' by Aquitem, qui conçoit, gère et anime les programmes de fidélité des grandes enseignes. Zefid' a été choisie par plus d'une trentaine d'enseignes de distribution de détail pour la gestion complète de leur programme fidélité clients.
Il y a cinq ans, Aquitem a décliné son expérience des programmes de fidélité grandes enseignes pour les commerçants indépendants (boutiques, salons, points de vente...), en créant MaCarteFid', une solution 100% web adaptée aux questions de fidélisation des commerçants indépendants.
L'entreprise a su rester une PME de taille humaine et a conservé ses dirigeants et actionnaires historiques. Je vous propose de découvrir les réponses à l'interview du Sens du client de la présidente de cette société, Agnès Passault.

Qui êtes-vous ?

Je suis cofondatrice et dirigeante d’AQUITEM, société spécialisée en gestion de programmes de relations clients pour des grandes enseignes essentiellement dans le  retail.
Nous sommes une PME d’environ 120 salariés, qui mixe les métiers de l’IT et du marketing pour fournir une prestation complète d’accompagnement aux enseignes.

Selon vous, pour une entreprise, qu’est-ce qu’"avoir le sens du client" ? 

Avoir le sens du client, c’est savoir créer une relation de confiance propice à des échanges de qualité.
Or, la confiance ne se décrète pas, elle se démontre au quotidien !
L’ensemble de l’entreprise doit être dans cet état d’esprit, et notamment tout le personnel en contact avec les clients.
En ce qui concerne les programmes de relation clients, cela passe par des offres claires et simples.
Le personnel de l’entreprise doit comprendre les enjeux et avoir une marge de manœuvre pour satisfaire le client et gréer une relation ressentie comme « personnelle ».
La relation humaine doit rester au cœur de tout projet de relation client.

Que pensez-vous de l’évolution de la relation client en France ? 

Les nouveaux outils ont bouleversé les pratiques de relation client, mais comme souvent, l’arrivée d’une nouvelle technologie fait perdre de vue les usages.
On cède parfois à la technologie « gadget », en oubliant l’essentiel.
Des opérateurs intermédiaires tentent de s’approprier ce qui devrait rester la première valeur de l’enseigne : la relation avec ses clients.
Le client a aujourd’hui de nombreux canaux d’interaction avec ses marques préférées, qu’il s’agisse d’acheter ou d’échanger. L’entreprise doit savoir les utiliser à bon escient, sans perdre de vue l’intérêt pour le client.

La relation est plus que jamais attendue par le client comme personnelle : il souhaite de plus en plus avoir le choix et l’initiative : quels produits, quelles offres, quels circuits ?
Côté enseignes, les outils de la relation client apportent des informations plus riches et des outils d’analyse rapides et intuitifs (datamining, datavisualisation…). L’ensemble de l’entreprise peut aujourd’hui comprendre et s’approprier les comportements si la donnée est correctement partagée.

Avez-vous une anecdote, un exemple de relation client remarquable ? 

Je suis souvent surprise par des études que nous découvrons lors de l’Observatoire de la fidélité en partenariat avec les chercheurs de l’IAE –Université de Bordeaux.
Sur ces dernières années, j’ai été très intéressée par une étude qui montrait qu’un client ayant subi un problème très bien géré par l’enseigne devenait plus fidèle et plus prescripteur qu’un client n’ayant pas rencontré de problème. Loin d’être anecdotique,  cette étude rappelle que l’expérience du client se vit surtout au travers de la  gestion intelligente des imprévus.

145ème interview réalisée par Thierry Spencer, auteur du blog Sens du client et Directeur Associé de l'Académie du service. Retrouvez les autres interviews dans la rubrique concernée.

Les enjeux de l'expérience client chez Citroën, Decathlon et Leroy Merlin

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J'ai eu la chance cette année encore de concevoir le programme des plénières du Salon Stratégie Clients qui s'est tenu au mois d'avril dernier à Paris. L'une de ces sept conférences réunissait trois grandes marques françaises sur le thème "Face-à-face avec le client, vers une relation augmentée" dont je vous propose une synthèse sous l'angle des enjeux de l'expérience client.
Animée brillamment par Claire Morel, Journaliste, cette conférence réunissait Albin-Dorian Julliard, Directeur de la relation client de Leroy Merlin, Martine Coupet, Directrice relation clients de Decathlon et Mathieu Bellamy Directeur Stratégie marque et expérience clients de Citroën.
Les enjeux de l'expérience client
Mathieu Bellamy (Citroën) :
"Dans une activité aussi diversifiée que la nôtre, l'enjeu est de garder la maîtrise complète de notre activité. Des intermédiaires s'insèrent dans l'expérience entre la marque et le réseau, et nous devons garantir une expérience aussi positive et agréable que possible pour garder la maîtrise, de la construction à la livraison d'un véhicule."
Martine Coupet (Decathlon) :
"Notre premier enjeu est le respect des engagements clients. ce qui est dit doit être vrai, ce qui est dit doit être fait. Et ça passe par exemple pour un distributeur comme nous par le respect des stocks, le respect des délais. Notre deuxième enjeu est la reconnaissance du client à chaque étape de son parcours, du magasin au centre de relation client. Et enfin, je dirais que, étant donné que nous sommes une des enseignes préférées des Français, que nos clients nous aiment, nos collaborateurs doivent le rendre au client, à distance comme dans les points de vente. Cela signifie pour nous travailler sur la dimension émotionnelle de l'expérience client. Au delà des produits, ce sont les échanges humains qui comptent."
Albin-Dorian Julliard (Leroy Merlin) :
"Chez Leroy Merlin on investit sur l'expérience collaborateur autant que sur l'expérience client. On vise l'équation gagnante entre efficacité opérationnelle et enchantement client. Sur l'efficacité opérationnelle, nous visons le parcours sans couture. Sur l'enchantement, nous cherchons à garantir l'identification, la reconnaissance et la personnalisation de la relation client. Pour atteindre ça, l'enjeu est la bonne autonomie donnée aux collaborateurs pour qu'ils surprennent les clients à des moments du parcours à forte "valeur relationnelle ajoutée". C'est ce que je nomme la relation 3.0, la relation à distance pour accompagner le client afin qu'il ait un lien permanent avec l'enseigne."

A propos des nouveaux parcours client
Mathieu Bellamy (Citroën) :
"Notre difficulté, c'est  que nous n'avons plus de parcours client. Aujourd'hui, on ne sait plus où est le client, il change, il alterne. On sait qu'il commence par se renseigner sur internet avant d'aller chez le concessionnaire. C'est la marque qui a le premier contact. Depuis un siècle, les clients appartenaient au concessionnaire qui avait le premier contact. Il y a désormais une multitude d'allers-retours entre les canaux. L'enjeu est de ne pas perdre le client, lui offrir une expérience simple pour l'emmener chez le concessionnaire. Nous sécurisons au maximum le parcours sur internet pour faire en sorte que le client prenne la peine de se déplacer en point de vente."
Martine Coupet (Decathlon) :
"90% des clients vont sur le site avant d'aller en magasin, ils cherchent des informations et nous devons faire preuve d'agilité à chaque instant car il nous faut accompagner le client d'internet jusqu'au magasin. Sachant que 60% des clients qui commandent en ligne viennent chercher le produit en magasin, chaque détail du parcours client compte.
A partir du moment où le client est sur internet, nous devons être capable de répondre à toutes ses interrogations. Chat, mail, réseaux sociaux, téléphone, le client s'attend à une réponse rapide. J'observe que les clients nous appellent davantage pour avoir des conseils avant-vente, sur leurs pratiques. La consultation d'internet est globale mais la relation est de dimension locale, attachée au magasin."
Albin-Dorian Julliard (Leroy Merlin) :
"Quand on parle d'expérience, on pense à un habitant qui a un projet vs un client qui fait un achat. Le parcours de l'habitant comprend un certain nombre d'étapes clés : inspiration, apprentissage, conception, le "bien acheter", la réalisation du projet et enfin le moment ou le client va "habiter son projet". Dans chacune de ces étapes stratégiques nous tissons des relations, des liens spécifiques et nous avons des propositions de valeur spécifiques.
Quand on interroge les jeunes clients par exemple, on apprend qu'ils pensent d'abord projet, usage et autour de ces derniers il y a différents canaux possibles dont le magasin. Le magasin n'est pas une destination mais une étape. Le projet est la seule destination du client. Il faut donc penser les choses différemment."

Les outils de la relation 
Albin-Dorian Julliard (Leroy Merlin) :
"Il nous faut savoir capter un client le plus tôt possible, comprendre ce qu'il vient faire sur internet. Nous mettons des outils facilitants pour cette expérience ; les images, les informations, la pédagogie doivent répondre à la première étape, celle de l'inspiration. Sachant que 70% des simulations sont faites en dehors des heures d’ouverture du magasin, comment en magasin on prend connaissance de cette expérience anté-achat. Comment fournir des outils connectés les uns aux autres, entre mon ordinateur chez moi et mon mobile en magasin ? Après l'achat, les clients veulent être accompagnés, considérés jusqu'à la réalisation de leur projet. Par exemple avec Frizbiz, nous mettons en relation des bricoleurs entre eux.
Les vendeurs sont accompagnés depuis 5 ans à cette nouvelle relation client. Les collaborateurs vont tous chez le client, c'est ce qu'on appelle les visites habitant, un rituel chez Leroy Merlin. 100% des conseillers sont formés à la nouvelle relation avec le client en point de vente, pour faire face à un client expert qui connait très bien les produits ou un client connecté à son mobile.  Nous étions historiquement derrière les comptoirs, puis nous avons offert le libre-service et désormais nous allons au devant du client. Les vendeurs ont des outils ouverts : un smartphone avec les mêmes fonctionnalités que celles du client, un outil qui s'utilise avec le client, un outil qui permet d'entrer en relation avec le client. Chaque conseiller est un animateur de communauté locale. Chaque vendeur a une adresse professionnelle, les magasins ont des pages Facebook. Sur certains magasins, on teste les sms, le messaging. Il faut avoir en tête que le collaborateur gère un flux et un portefeuille. Tout est dans l'ordonnancement des tâches entre la relation physique et la relation à distance."
Mathieu Bellamy (Citroën) :
"Notre vision d'industriel qui veut tout dire et bien faire est challengée par la vision client sur internet, par ses nouveaux modes de recherche. Nous modifions actuellement profondément notre site pour répondre aux questions du client qui va chercher par exemple davantage en fonction de son budget et de sa localisation, alors que nous proposions un catalogue de produits. Par ailleurs pour assurer la continuité du parcours client, lorsque le client configure son véhicule en ligne, il doit être reconnu en point de vente pour y retrouver son projet.
Autre initiative : nous avons lancé Citroën Advisor il y a 3 ans (lire mon billet à ce sujet). Il permet au client de noter le point de vente, les produits et bientôt les vendeurs ! Cela ne se fait pas dans l'automobile, c'est une révolution, et pourtant on note son chauffeur Uber, son vendeur sur Ebay ou sur Amazon. Nous ne voulons pas digitaliser le passé mais concevoir des outils interactifs nouveaux. Nous avons demandé par exemple aux vendeurs d'avoir un profil Facebook professionnel pour entrer en relation avec le client qui veut choisir les gens avec qui ils sont en affinité. La discussion peut se poursuivre par chat, le vendeur peut animer sa communauté."
Martine Coupet (Decathlon) :
"Chez Decathlon, on peut noter son magasin en ligne depuis un an.  Par ailleurs, à n'importe quel moment, lorsque le client est sur une fiche produit en ligne il peut s'adresser à un client qui a acheté ce produit. Les clients répondent en moyenne en deux heures, avec une grande qualité de réponse.
Nous sollicitons également les clients sur leur achat. Un produit noté 3 ou moins, et l'avis est transmis au chef de produit de manière automatique afin qu'il réponde lui-même. Si le produit est noté 3 en moyenne sur plusieurs avis, il est tout bonnement retiré de la vente pour être amélioré. Nous avons eu le culot d'en faire une campagne de publicité (lire mon billet à ce propos).
Dans le magasin, smartphone et tablettes sont des outils à disposition des vendeurs qui offrent une base de connaissance. Mais il n'est pas rare que les vendeurs donnent leur carte de visite. Les magasins animent localement leurs communautés de sportifs."

Je retiens au travers de ces témoignages les cinq principaux enjeux de l'expérience client :

  • L'enjeu de connaissance client : comment permettre l'identification du client à chaque étape de son parcours.
  • L'enjeu de cohérence : comment on assure au client la continuité de son parcours entre les différents canaux.
  • L'enjeu de maîtrise : comment ne pas perdre le client pendant son parcours avant et après l'achat.
  • L'enjeu d'écoute : comment permettre au client de s'exprimer pour résoudre des problèmes en instantané et comment tirer parti de l'expression du client pour améliorer sa prestation.
  • L'enjeu de symétrie : comment rendre les collaborateurs capables d'être les meilleurs interlocuteurs pour le client (lire mon billet sur la symétrie des équipements).

Billet écrit par Thierry Spencer, auteur du blog Sens du client et Directeur Associé de l'Académie du service. 

Jean-Sébastien Beslay (Trusteam Finance) et le Sens du client

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Sans le savoir, la communauté des professionnels de la relation client doit beaucoup à l'homme que j'interviewe aujourd'hui. Cet homme, qui n'appartient pas à cette communauté, est Jean-Sébastien Beslay, le dirigeant de Trusteam Finance.

La Satisfaction Client est -selon Trusteam Finance- "la pierre angulaire de leur gestion", "le moteur de performance financière" des fonds actions et diversifiés gérés par cette société spécialisée dans la gestion d’actifs et la gestion de portefeuilles pour une clientèle de particuliers, d’institutionnels et de conseillers en gestion de patrimoine
Trusteam Finance a développé depuis plus de 10 ans, une méthodologie d’investissement unique destinée à identifier les leaders de la Satisfaction Client et mis au point un process (le "ROC", pour Return on Customer) qui s’appuie sur une recherche académique démontrant le lien étroit entre taux de Satisfaction Client élevé et accroissement de la rentabilité de l’entreprise, entre performance financière et parcours boursier. Ce process est décliné sur l’ensemble de la gamme des fonds gérés.

Pionnier de la Satisfaction Client comme moteur de performance financière, Trusteam Finance apporte pour des milliers de personnes très éloignées des préoccupations des professionnels de la relation client, la preuve de la rentabilité des investissements humains et technologiques destinés à satisfaire le client.
Par son action de mise en lumière des entreprises leaders dans la satisfaction client, Jean-Sebastien Beslay et son équipe réconcilient des univers éloignés, apportent des preuves concrètes à ceux qui ont des convictions, et renforcent les convictions des entreprises qui investissent au profit du client. C'est un des points majeurs que j'ai développé sur mon blog, notamment dans un article paru l'an passé"Avoir des convictions et apporter des preuves, la recette du Sens du client".

Jean-Sébastien Beslay m'accorde cette interview alors que sa société connaît deux grandes actualités :

  • le franchissement il y a un moins d'un mois de la barre du milliard d’euros d’actifs sous gestion.
  • la création avec IPSOS et l'Académie du Service du Prix de l'Excellence Client, auquel je suis très fier de participer en tant qu'associé de l'Académie du Service (Retrouvez sur mon blog l'annonce de la création de ce prix), et que je suis heureux de soutenir en tant que blogueur.

Qui êtes-vous ?

Diplômé d’un DESS Fusions-Acquisitions, j'ai été responsable de l'activité valeurs moyennes européennes au sein de la société de Bourse Exane pendant près de 8 ans avant d'être Associé-Gérant de Trusteam Finance, garant du process de la gestion collective actions. Je gère les fonds Trusteam ROC et Trusteam ROC EUROPE.

Selon vous, pour une entreprise, qu’est-ce qu’ « avoir le sens du client » ?

C’est avoir compris - et intégré dans ses pratiques au quotidien – que le client est le premier actif de l’entreprise, celui qui génère de la croissance et des profits durablement. Les entreprises qui ont le sens du client ont donc d’abord une stratégie basée sur le client, mais surtout elles vont s’attacher à le démontrer chaque jour, en toutes circonstances, et ce quel que soit l’interlocuteur en relation avec le client. Elles font systématiquement ce qu’elles disent pour être en adéquation avec leurs promesses. Elles se mettent régulièrement à la place de leurs clients pour faire progresser leur expérience dans sa globalité, quitte à élargir leur domaine d’activité. Enfin, elles savent se remettre en question de manière permanente, car elles font preuve d’humilité et de volonté de progresser … grâce au client.

Que pensez-vous de l’évolution de la relation client en France ?

En France, la relation client progresse, mais on est encore très loin des meilleures pratiques observées dans d’autres pays, notamment aux USA, au Royaume Uni ou au Japon. Nos études internationales nous montrent également que ces pays continuent de progresser, d’où la nécessité d’accélérer pour ne pas être distancé. Les bonnes pratiques existent malgré tout, y compris en B2B et dans des entreprises de taille moyenne, où l’impact d’une mauvaise expérience client se lit plus rapidement dans les comptes de résultat.

Avez-vous une anecdote, un exemple de relation client remarquable ?

Oui ! Un livreur de pizza qui, se rendant compte en arrivant chez moi qu’il avait oublié la 2ème pizza commandée, a immédiatement fait l’aller/retour pour me la rapporter. Lorsqu’il est revenu, nous venions juste de terminer la 1ère, et avons donc dégusté la 2ème encore toute chaude. Voilà une expérience qui avait mal démarré, mais qui s’est transformé en expérience remarquable, grâce à un livreur qui avait le sens du client !

146ème interview réalisée par Thierry Spencer, auteur du blog Sens du client et Directeur Associé de l'Académie du service. Retrouvez les autres interviews dans la rubrique concernée.

Répondre au client, telle est la question

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Quatre marques sur dix n’apportent aucune réponse sur les canaux qu’elles mettent à disposition des consommateurs selon la nouvelle étude d'Eptica. Les années passent et le client gagne en autonomie, lentement, très lentement. La publication de plusieurs études à ce sujet m'inspire ce billet à propos de la discipline la plus irritante des clients : trouver la réponse à une question.
Comment les entreprises performent-elles sur la réponse au client ? Essayons de répondre en six points :
  • Produire des réponses.Je n'ai pas été surpris de découvrir un chiffre assez rare et éloquent dans une étude Zendesk à propos de la recherche de solution par les clients : 85% des clients sont susceptibles de faire une recherche sur Google pour essayer de trouver la réponse auprès d'autres utilisateurs ou experts, une proportion quasi égale à la recherche sur les FAQ du site de l'entreprise, et inférieure de seulement 7 points à la sollicitation directe de l'entreprise. Un client qui trouve la réponse sur un autre site que celui de sa marque est un client à risque. Il en voudra à son fournisseur, sa marque ou son enseigne de ne pas l'avoir aidé et sa requête satisfaite sur un autre site pourrait lui donner des idées de changement de crèmerie...
  • Répondre tout court. Dans l'étude "The Multi-Channel Customer Care Report 2017", Zendesk nous apprend que les clients qui cherchent une réponse à leur question s'adressent en premier lieu au service client par téléphone. C'est le cas pour 47% des personnes interrogées (vs 54% en 2013 signifiant une désaffection du téléphone comme canal de contact). Deuxième source pour trouver sa réponse : un email au service client (40% des répondants, vs 48% il y a quatre ans, une chute qui s'explique en partie par la tendance décrite dans mon billet de début d'année "le client sera synchrone"). Eptica, dans son excellente étude "Les marques françaises et l’expérience client digitale en 2017", nous apprend que plus de 40% des questions sont restées sans réponses sur Facebook, Twitter, par Chat et E-mail. Lorsqu'on creuse les résultats, on observe que la banque et l'assurance sont les deux secteurs qui ont le plus faible taux de réponse sur les canaux en self-service. Il me semble essentiel de rappeler qu'un client qui n'arrive pas à résoudre son problème est un client irrité au pire, ou irritable au mieux, lorsqu'il s'adresse à une personne du service client, de son agence ou de son magasin. Le mauvais self-care a des conséquences bien plus graves qu'on n'imagine.
  • Répondre vite. La raison principale qui explique qu'on ne fait pas appel à un service client est "j'attends trop longtemps au téléphone" pour 42% des répondants. Toujours selon Zendesk, les attentes en termes de rapidité augmentent depuis 3 ans. 79% des client s'attendent désormais à une réponse dans la demi-journée par mail (vs 62% en 2013), 72% des clients s'attendent à une réponse sous 2 heures via les médias sociaux (vs 52% il y a quatre ans). Seul le téléphone voit son niveau d'attente baisser : 41% des clients attendent une réponse immédiate par téléphone contre 50% en 2013, un signe que les clients se font une raison sur l'efficacité de ce canal ?
  • Répondre partout. On pourrait dire ici "répondre partout" ou "répondre de façon cohérente" car, selon l'étude d'Eptica, 40% des consommateurs avouent que ce n’est pas aisé de commencer une conversation avec une marque via un canal et de continuer sur un autre canal sans avoir à se répéter. Cette absence "d'omnicanalité" est patente : seules 7% des entreprises testées apportent une réponse cohérente sur plusieurs canaux. Le client ne supporte pas cette situation qui le transforme en un client insatisfait et exigeant avec ses interlocuteurs qui seront les destinataires de son irritation.
  • Répondre correctement. Si l'on en croit Eptica, dans l’ensemble, quand elles prennent soin de répondre au client, les entreprises apportent une réponse en accord avec les attentes concernant la question posée. Le challenge est toutefois autant sur les outils digitaux que sur les collaborateurs. "Parler à un être humain" est l'attente de la majoirté des clients lorsqu'ils interagissent avec un service client (Source Zendesk) et un tiers des clients considèrent que les agents n’ont pas toujours l’information dont ils ont besoin pour les aider et doivent les renvoyer vers d’autres personnes (source Eptica). En cause, selon les deux études, l’absence de base de connaissance centralisée accessible aux agents. Non seulement les clients ne trouvent pas la réponse mais les collaborateurs n'y ont pas accès non plus. Dans les outils de la relation client, on ne fait pas preuve de symétrie des attentions !
  • Répondre bien. Sur l'aspect qualitatif de la réponse, Zendesk nous apprend dans son étude internationale que la première attente des clients vis-à-vis d'un service client est "un interlocuteur aimable" (devant le choix des canaux et la réponse la plus rapide). On touche ici à l'équation la pus difficile à résoudre du moment : comment aider le client à être plus autonome, trouver la réponse à ses questions d'une part et comment lui faire vivre un moment unique par une interaction efficace d'autre part ? Eptica nous révèle dans son étude que la personnalisation est le critère le moins bien noté avec une note de 77/100. C'est dans cette étude qu'on apprend que le Chat est le canal le plus performant en termes de personnalisation, c'est aussi celui, selon Zendesk qui progresse le plus en usage dans les 3 dernières années en tant que canal pour trouver une réponse à sa question. C'est le canal qui selon moi répond le plus aux nouvelles attentes du client : synchronicité, efficacité, échange avec une personne, personnalisation.
Retrouvez les deux études citées dans ce billet en suivant ces liens :

Billet écrit par Thierry Spencer, auteur du blog Sens du client et Directeur Associé de l'Académie du service. 

La voix du client, facilitatrice de décloisonnement de l'entreprise

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Comme il est de tradition, trois entreprises étaient invitées à partager leurs points de vue et bonnes pratiques sur le sujet : "Comment valoriser le langage de vos clients ?"à l'occasion d'un débat. Je suis heureux de partager avec vous aujourd'hui le compte rendu de cette table ronde que j'ai animé pour le compte de la société ERDIL il y a quelques jours.
Décloisonner avec la voix du client 

Servane MISCHLER, Responsable Voix du client, La Française des Jeux s'exprimait au sujet de la place du client dans l'organisation et l'exploitation de sa voix :"Convaincue par la place que devait occuper le client dans nos décisions pour progresser, notre nouvelle Présidente a été notre principale sponsor pour insuffler une culture client et sensibiliser les collaborateurs.
Pour cela, nous sommes passés par une phase d'organisation et de gouvernance, puis par la communication interne et externe, la connexion entre les collaborateurs et les clients et l'émergence de la voix du client.
Pour sensibiliser les collaborateurs, les engager et les faire adhérer, nous collectons la voix du client et nous l'analysons avec Erdil pour pouvoir la réinjecter au sein de l'entreprise. Cette analyse nous est utile également pour trouver des solutions et des axes d'amélioration de la satisfaction.
Pour favoriser la transversalité, nous collectons la totalité des verbatims issus de plusieurs canaux (emails reçus au service client, remontées sur les réseaux sociaux, verbatims de deux baromètres et les retours sur les stores des applications mobiles). L'analyse transverse favorise l'émergence de nouveaux sujets et le fait qu'on redonne plus de poids à certains d'entre eux."

Catherine RUCKI-LASNON, Manager Centre Relations Clients, Groupe Henner
"Nous avons la chance d'avoir des entreprises clientes et fidèles et il nous fallait prendre conscience que leurs collaborateurs étaient aussi nos clients. Nous avons mis en place "Henner à votre écoute", un programme d'appel de tous les clients assurés au moins une fois par an, un contact qui n'est pas un contact administratif, ou un appel au moment de la résiliation. La mise en place de ces process d’écoute clients a permis de faire diminuer notre taux d’attrition de 20%
Nous permettons aux clients de s'exprimer, nous favorisons le dialogue et nous exploitons ce que nous disent les clients en interne."
Rappelons que selon une étude d'IPSOS réalisée pour le compte d'ERDIL, 80% des entreprises effectuent une analyse des messages clients, et une sur quatre externalise ces travaux.

Olivier PRIESTER, Chef de projet clientèle Eau France, SUEZ (ex Lyonnaise des eaux) s'exprimait à propos de sa stratégie d'écoute client : "Société d'ingénieur oblige, il nous fallait une note, un indicateur pour mesurer et repérer les clients insatisfaits. Et nous nous sommes posés la question "Comment fait-on pour agir sur cette note ?". Après chaque interaction avec Suez, nous envoyons un mail au client dans lequel nous posons deux questions : une note et un commentaire. La bonne nouvelle est que les clients s'expriment beaucoup. 99% des clients qui répondent indiquent un commentaire. Autre élément : la moitié des clients évaluent autre chose que l'interaction avec le conseiller. La note qui était un indicateur du centre d'appel, devient l'affaire de tous.
Des propos qui me font dire que la voix du client est un outil de décloisonnement de l'entreprise.

Sensibiliser avec la voix du client

En tant que représentante de l'AMARC (partenaire de cet événement), Catherine RUCKI-LASNON, profitait de la table ronde pour partager les bonnes pratiques collectées sur le site de l'association dont celles qui consistent par exemple à afficher les verbatims positifs dans l'entreprise, ou encore faire des rapports d'étude personnalisés pour les interlocuteurs en interne. Elle ajoutait le fait que chaque grande convention de son entreprise dans une de ses expériences passées était l'occasion de partager la voix du client.
Olivier PRIESTER (SUEZ) ajoutait à ce propos :"Nous communiquons à toute l'entreprise par le biais d'une newsletter intitulée "Ce sont nos clients qui le disent". Afin que la satisfaction soit utilisée comme levier opérationnel, les résultats doivent être simples d'accès. C'est pourquoi nous mettons actuellement en oeuvre un portail de reporting unique, conçu par les managers eux-mêmes, dédié aux résultats des études de satisfaction à chaud et à froid. Nous essayons aussi d’organiser des journées spéciales afin que chaque collaborateur de notre entreprise puisse aller dans un centre de relation client et puisse être confronté au point de vue du client."
Je rappelle un chiffre qui me tient à coeur et qui montre que la voix du client est insuffisamment relayée dans l'entreprise : l'analyse de la voix du client est transmise à 3.2 services en moyenne.
Servane MISCHLER (La Française des Jeux) concluait à propos des moyens de sensibilisation en interne : "Nous diffusons certains verbatim en lien avec l’actualité de nos produits : nous avons commencé par des commentaires négatifs et cela a eu le mérite de faire réagir en interne.
En parallèle, nous faisons des portraits de nos clients que nous annotons avec leurs verbatim. L’objectif est de faire en sorte que ces clients soient plus considérés au sein de l’entreprise et qu’ils soient présents dans notre quotidien."

Autopsie d'un verbatim client
Erdil a réalisé une étude des verbatims qui lui étaient confiés et Séverine Vienney, sa Présidente (à gauche sur la photo illustrant ce billet) a révélé les résultats lors de cette table ronde.
Dans un verbatim issu d'un avis en ligne (Citroën Advisor)
Nombre de mots : 23
Nombre de concepts : 2.4
Dans un verbatim issu d'une enquête de satisfaction
Nombre de mots : 27
Nombre de concepts : 2.8
Dans un verbatim issu d'un Tchat (avec 6.9 échanges en moyenne)
Nombre de mots : 42
Nombre de concepts : 1.4
Dans un verbatim issu d'une réclamation
Nombre de mots : entre 19 (Française des jeux) et 125 (Leroy merlin)
Nombre de concepts : entre 1.2 et 7.6

Cette étude nous indique le volume qu'on peut attendre de chaque canal et la richesse des verbatims, pour peu qu'on sache les étudier...

Billet écrit par Thierry Spencer, auteur du blog Sens du client et Directeur Associé de l'Académie du service. 

Citroën et Decathlon : l’innovation pourvoyeuse d'expérience client

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J’ai animé le 19 mai dernier la 5ème édition du Campus Citroën de l’expérience client sur le thème de l’innovation. Une rencontre ouverte entre deux marques de référence avec un objectif simple : s’enrichir des visions et des pratiques de chacun, afin de porter un nouveau regard sur l’expérience client. Pour cette édition, après ING Direct, Michel et Augustin, Facebook et McDonald’s, Citroën avait invité Decathlon, une marque avec qui elle partage une caractéristique : ces deux marques arrivaient en tête de leur secteur dans une Etude Opinion Way pour Le Parisien sur la confiance que les Français portent dans les marques.
L’innovation agile, thème de la rencontre

Mathieu BELLAMY, Directeur de la Stratégie CITROËN, introduisait le sujet en le mettant dans le contexte de la stratégie de Citroën : « La première chose que nous avons fait lorsque nous avons réfléchi à la stratégie de Citroën, c’était d’aller voir ailleurs pour chercher les idées, les ruptures, les innovations en dehors de l’entreprise. On a tendance à améliorer ce qu’on a toujours fait, c’est pourquoi nous avons besoin de savoir ce que vivent les clients, chez Leroy Merlin, chez Decathlon, chez Apple… car nous avons les mêmes clients !
Il y a une différence entre l’attitude et le comportement. L’attitude, c’est ce que les clients disent, et le comportement, c’est ce qu’ils font. Les études qu’on réalise en général sont des études d’attitude, mais dans les faits, ce n’est pas exactement ça.
Des marques comme Decathlon se basent sur le comportement des clients. Gilles Lipovetsky, un philosophe de la consommation a fait partie des experts que nous avons rencontré. Il m’a dit « ce que l’on pense n’est pas ce que l’on voit », c’est-à-dire qu’on pense par exemple que le digital pousse les gens à rester chez eux, or, ils sortent davantage grâce à internet. On pense que les gens achètent de moins en moins de voiture, alors que dans les faits, il s’en vend de plus en plus, les gens se nourrissent de plus en plus mal mais ils vivent de plus en plus vieux, autant de croyances qu’on doit confronter à la réalité. C’est pourquoi nous avons basé notre stratégie sur des tendances et sur la réalité des clients et de leurs besoins.
Du marketing de l’échantillonnage, nous sommes passés à l’observation des innovations au niveau mondial en créant chez PSA un Business Lab. Au-delà des produits, il nous faut chercher la complémentarité des services qui sont créés parfois par des startups.
Je citerai une idée venue de nos observations, de notre expérience de tous les jours, qui est devenue réalité : le client Citroën peut désormais s’exprimer à propos d’un vendeur (dans quelques sites en France). Pour que les gens rentrent dans les magasins, il faut qu’ils aient identifié quelqu’un avec qui ils avaient envie d’être, c’est la stratégie des Apple Stores dans la diversité des vendeurs. Je pense qu’il faut mettre des vendeurs qui illustrent la variété des besoins, des profils de client, prouvée par les notes et appréciations des vendeurs sur Citroën Advisor. En développant cette option, nous faisons le choix d’opter pour une relation par affinité. Si on paye une prestation, on a envie d’être avec une personne avec qui on préfère être en relation. Chez Citroën, l’avis de nos clients devient notre référence relationnelle ! »

L'innovation dans la relation

Xavier RIVOIRE, Responsable de la Communication externe de DECATHLON, partageait à son tour la vision de l’innovation chez le leader du sport : « Citroën fait partie des marques que l’on suit et que l’on regarde. L’innovation, de mon point de vue, c’est souvent une incantation, c’est comme les valeurs d’entreprise. Chez Decathlon, on est loin d’être parfaits mais on essaye d’être dans la réalisation. Chez nous, un client peut noter un produit d’une marque passion (marque propre de l’enseigne) et lorsque celui-ci a une note inférieure à 3 sur 5, il est déréférencé. Pour innover, il faut savoir écouter ses clients.
L’innovation est dans les produits (le masque Easybreath, la tente Quechua…), mais elle est aussi dans le management. L’innovation doit être dans la relation avec les clients : les conseillers sont désormais intéressés au travers de leur rémunération variable à la satisfaction client. Ils sont guidés par notre véritable mantra interne qui est « Le pouvoir de dire oui », une façon de remettre le focus sur le sens du service, de l’accompagnement, de l’humain, pour ne jamais dire non en magasin
Nous essayons d’innover dans cette relation entre le client sportif et son conseiller, qui devient un accompagnateur de sa pratique sportive, un animateur de communauté. »

La collaboration avec les startups

Mathieu BELLAMY – Directeur de la Stratégie CITROËN
« Nous sommes dans un monde d’hypermobilité, mobilité digitale et mobilité dans le monde réel. Nos enfants feront plus de kilomètres que nous qui en avons fait davantage que nos parents. Qui dit mobilité, dit légèreté et nous sommes dans une industrie lourde, avec ses usines, sa R&D importante… Il faut que cette industrie s’adapte à la mobilité demandée par les clients, d’où notre recherche de complémentarité avec les startups.
Premier exemple : la mobilité physique avec Travelcar. Les propriétaires de C1 peuvent mettre à disposition leur voiture aux autres usagers via Travelcar. De ce fait, le client compense son montant mensuel d’achat. Nous avons le produit, la startup propose le service.
Second exemple : la mobilité digitale avec appsmile. Nous misons sur la gamification pour favoriser une découverte enrichie à nos clients de notre application MyCitroën, et ce, grâce à cette startup. »

L'innovation accessible

Xavier RIVOIRE « Decathlon vient de fêter ses 40 ans et se vit encore comme une startup avec ses 70.000 collaborateurs. Dans l’attitude et l’état d’esprit des fondateurs, on retrouve cette façon de penser. Michel Leclercq, le créateur de Decathlon, qui a aujourd’hui plus de 80 ans, anime une formation Valeurs et Volonté et transmet son esprit pionnier.
Il fut l’un des initiateurs des Trocathlon, une démarche collaborative qui date de 1986 et qui n’a pas attendu la mode du collaboratif.
Nous voulons rester dans cet état d’esprit de challenger, fiers de nos racines.
Nous nous concentrons sur l’innovation abordable et accessible, c’est la voie que nous avons choisie et elle est difficile car elle demande un effort de tous. 
Pour y arriver, nous sommes dans la co-conception avec les sportifs, qu’ils soient nos clients ou nos collaborateurs. Nous avons créé un espace qui s’appelle Alive, un lieu de partage d’idées. Incubation de projets, organisation d’ateliers créatifs ou espace de coworking, “Alive by Decathlon” est aujourd’hui à l’écoute de tous les projets.
Autre lieu d’échanges et d’innovations : Decathlon Création, une plateforme digitale de tests des futurs produits Decathlon. 11.000 sportifs y testent et partagent leurs avis pour améliorer les produits de demain. Une dizaine de projets très concrets sont en cours. »

L'innovation pourvoyeuse d'expérience

Mathieu BELLAMY – Directeur de la Stratégie CITROËN : « Pour conclure, je dirais qu’il y a un impératif de fluidité dans l’innovation. Il est facile de créer de façon verticale, ça l’est beaucoup moins d’être transversal, surtout si on a beaucoup d’idées.
Pour garantir justement une expérience complète et fluide pour les clients, nous lançons avec Demooz l’expérimentation d’un service d’essai de véhicules entre particuliers sur les Citroën C-zéro et Berlingo multispace, qui ne sont parfois pas toujours disponibles à l’essai en point de vente. Une expérience décalée à faire vivre à nos prospects pour découvrir différemment, en conditions réelles, le véhicule avec un autre client.
Les marques, qui font toutes face à une espèce de "désymbolisation", doivent proposer une consommation plus pragmatique, et c’est dans cette ambitions que nous nous retrouvons avec Decathlon. Les marques populaires, proches des gens, doivent créer des innovations pragmatiques, utiles, accessibles et surtout pourvoyeuses d’expérience.»

CONCLUSION

Les process d’innovation dans les entreprises se déstructurent et s’ouvrent. Comme je le disais dans mes tendances du Sens du client, le client devient un véritable marketer, participant de l’innovation ouverte des entreprises. Il devient un mentor (une de mes tendances 2017), prêt à partager ses expériences et contribuer à l’amélioration des produits et des services qui leur sont proposés.
Citroën et Decathlon nous montrent leur capacité d’innovation agile malgré leur taille, avec l’ambition d’être au plus près des clients et de leur réalité. 
Ces deux marques sont exemplaires dans l’écoute du client ; Citroën avec Citroën Advisor qui propose aux clients de noter produits, services et vendeurs, et Decathlon avec son site dont les notes permettent de déréférencer un produit s’il est mal noté.
En suivant ce chemin, elles créent des innovations accessibles et pourvoyeuses d'expérience.

Retrouvez les videos best of des Campus sur la Playlist de la chaîne YouTube de Citroën.
Retrouvez mes billets des précédentes éditions du Campus de l'expérience client :
Citroën face à ING Direct
Citroën face à Michel et Augustin (sur le blog Cultures Services de l'Académie du service)
Citroën face à McDonald's

Billet écrit par Thierry Spencer, auteur du blog Sens du client et Directeur Associé de l'Académie du service. 

6 raisons de faire d'un colis une source d'enchantement du client

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La réception et l'ouverture du colis est un moment de vérité de la vente à distance, c'est un moment chargé d'émotion pour le client, un point de contact essentiel de la marque trop souvent négligé.
Je me suis prêté à l'exercice de lister les raisons d'investir dans ce point de contact.

1 - Le colis est "la première incarnation". Je tiens cette expression de Jacques-Antoine Granjon, le Président de Vente-Privée.com dans l'interview qu'il m'a accordé. Il me déclarait : (Après la commande en ligne), "Quand a lieu l’incarnation, le retour à la vie réelle ? C’est tout d’abord lorsque l’on reçoit le colis". Pour une société qui entretient la totalité de ses relations à distance, le colis est le premier -et parfois le seul- point de contact physique de la marque, sa principale incarnation. En avoir conscience est le premier pas sur le chemin d'enchantement du client.
Photo extraite d'une video de cliente sur YouTube
2 - Le colis est un point de contact essentiel de la marque. C'est ce que rappelait Gwenn Rio, Directrice de la relation client de RAJA, le numéro 1 de l'emballage en Europe, lors d'une conférence des Customer relationship Meetingsà Cannes en 2016. RAJA est fournisseur partenaire de Cdiscount depuis la création du site, qui compte parmi les plus importants acteurs de l'ecommerce en France. Quoi de mieux qu'un colis aux couleurs de la marque, qui véhicule avec soin votre image et valorise l'achat du client ? Songez que, à la différence d'un investissement publicitaire traditionnel, 100% des clients sont exposés aux messages véhiculés par le colis, contenant comme contenu.

3 - Le colis est source de différenciation. La Fédération des Entreprises de Vente à Distance (FEVAD) nous révèle dans son premier bilan trimestriel 2017 que "le nombre de sites marchands actifs continue d’augmenter avec + 11% de nouveaux sites en un an. On dénombre désormais 206.800 sites marchands actifs soit près de 20.000 sites de plus qu’il y a un an.". De janvier à mars 2017, on dénombre 290 millions de transactions, dont la plupart donnent lieu à une livraison, et autant d'occasions de se différencier...

4 - Le colis est source de stress. Le colis est d'autant plus important qu'il génère son lot d'émotions et d'inquiétudes. L'habillement est le secteur phare de la vente à distance et cet achat à distance est source de nombreuses inquiétudes pour le client. Est-ce que ce sera la bonne taille ? Est-ce que la couleur sera la même que sur le site ? Pour n'importe quel colis, le déballage est toujours fait par le client avec un mélange de stress et d'excitation. Est-ce que ma commande est complète ? Est-ce qu'elle est en bon état ? Comment faire si ça ne me convient pas ? Les entreprises doivent avoir à cœur de prendre en compte les attentes et les émotions du client à cet instant important pour lui. Sans investir sur le design, Amazon a soigné particulièrement cette étape et met l'accent sur l'aspect fonctionnel de son emballage, ce qui explique que le client soit invité à noter l'emballage systématiquement. Améliorer l'emballage, c'est la garantie de réduire les retours et de minimiser les incidents de transport.

5 - L'emballage est un media connivent. J'avais noté dans un précédent billet la tendance "le client sera connivent" et je m'amusais à faire la liste de tous les petits messages cachés, parfois ésotériques à destination d'un client avide de complicité.  Dans mes récents achats à distance, j'ai noté deux bons exemples de messages figurant sur le colis. Nespresso, qui a revu son emballage il y a un an, a fait le choix d'un nouveau carton qui transforme cette étape du parcours client. Facile à ouvrir, plus solide, transformable en boîte de rangement de vos capsules, réutilisable...et connivent. Un message est imprimé et indique "(...) il peut se transformer en robot, en château fort, en casque de cosmonaute...".
Autre exemple : L'Occitane, qui fait de son colis une véritable source d'enchantement avec sa décoration intérieure, son papier d'emballage, sa boîte d'emballage des produits, ses échantillons, et surtout un message simple et appréciable : un simple "merci" imprimé sur un rabat qui s'affiche à l'ouverture.

5 - Le colis est une source d'enchantement. Le magazine Psychologies citait l'ethnologue Emmanuelle Lallement à propos de l'emballage "C’est le supplément d’âme.(...) L’emballage permet d’échapper à cette logique de l’uniformité. Il indique à celui à qui nous offrons le présent notre volonté de le distinguer". Martyne Perrot, sociologue auteure du "Cadeau de Noël, histoire d'une invention" le confirme : "Derrière l’emballage se dissimule l’idée de provoquer puis d’observer la surprise sur le visage de l’autre. Il y a un plaisir intense à le regarder ouvrir les cadeaux. C’est ce moment magique de l’enfance que nous cherchons à ressusciter." Ne dit-on pas que les enfants s'amusent à Noël autant avec le carton qu'avec le jouet qui se trouve à l'intérieur ?
On peut transformer une livraison de colis en source d'enchantement car le client est à la recherche de surprises, d'inattendu : 60% des consommateurs sont prêts à acheter un produit ou un service qui leur offrirait une expérience plaisante et surprenante (Etude Microsoft adverstising, reprise dans mon billet "le client sera surpris"). Dans mes expériences personnelles, je pourrais citer un exemple B2B avec Bruneau qui insère pour ses clients fidèles dans ses colis une "extra box" qui contient des échantillons de fournitures de bureau dans une très jolie boîte.

Les ressorts psychologiques du colis sont les mêmes ceux du paquet cadeau ou ceux du calendrier de l'avent (lire l'article du Figaro à ce propos dans lequel je me suis exprimé).
Dans la même veine, j'ajouterais le phénomène des box cadeau par abonnement qui répond à ce désir d'enchantement du client. D'après le site Touteslesbox on en dénombre en France plus de 250 sur de nombreuses thématiques : alcools, thé, cosmétique, bijoux, geek, gastronomie,...
Birchox, né en 2010 et parmi les précurseurs de ce marché, a envoyé selon LSA plus de 2 millions de colis en 2016 et compte 200.000 abonnés en France dont 60% appartiennent à la génération des Millenials.
C'est ce que confirme l'ObSoCo qui a réalisé pour le compte de All4Pack une étude sur l'emballage des produits et des colis de l'ecommerce dans laquelle on apprend que 58% des 18-24 ans sont sensibles aux initiatives des marques sur l'effet waouh (emballages « édition limitée » ou personnalisés), 40% des 25-54 ans et 20% des 55-70 ans. Une tendance qui pourrait expliquer le point suivant relatif au partage et faire réfléchir les entreprises sur les codes de l'emballage du futur.

6 - Le déballage devient un sujet de partage. Je vous invite à taper "unboxing" ou "déballage" sur YouTube et vous découvrirez les clients, blogueurs, vlogueurs (v pour video), youtubers, qui mettent en scène face à la caméra en train de déballer leur colis. Les blogueuses beauté déballent les cadeaux des marques ou leurs box de produits cosmétiques, les fans d'Apple ouvrent leur précieuse boîte parfaitement designée et génèrent des millions de vues. Cette tendance de l'unboxing s'inscrit dans un mouvement qui compte aussi le "haul" (partage des produits achetés après un shopping), décliné en "grocery haul" (déballage des courses alimentaires). je vous invite à lire l'article de BFMTv sur le lexique des Youtubeuses, l'article du Monde "le grand déballage des courses" ou bien celui de Slate sur l'unboxing.
En soignant votre colis, vous n'êtes pas à l'abri d'en faire un buzz !
Videos de déballage sur YouTube
En conclusion
Concevoir un emballage ergonomique, créer un colis dans les codes de la marque, comprenant des messages connivents ou des surprises est la garantie de développer avec le client une forme de complicité. C'est lui montrer qu'on prend soin de lui à travers sa commande. Les six points développés dans ce billet sont autant d'arguments pour investir dans ce point de contact essentiel, véritable moment de vérité du parcours client.

Billet écrit par Thierry Spencer, auteur du blog Sens du client et Directeur Associé de l'Académie du service. 

C'est qui le patron ?

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"C'est qui le patron ?!" est une nouvelle marque de produit alimentaires lancée il y a neuf mois en France. Cette initiative a été élue "Meilleure Stratégie relationnelle" lors de la cérémonie 2017 des SCOPS, issue de l’observatoire de l’innovation commerciale des étudiants de Paris Dauphine, à laquelle j'ai participé en tant que membre du jury. Vous vous doutez que mon suffrage est allé à cette initiative remarquable.
En écho à ma tendance 2017 "Le client sera mentor", "C'est qui le patron ?!" illustre le pouvoir accru du client et sa manifestation concrète dans un produit de grande consommation.
Du client muet...
La conception des produits alimentaires est généralement le fruit d'études, de recherches et de développements plus ou moins poussés selon les secteurs et les marques, validés par des tests auprès des clients sur leur respect d'un certain nombre de critères et leur cohérence par rapport à une promesse. Pour faire court, le client n'a pas trop son mot à dire la plupart du temps.
Je parle ici des produits alimentaires, car nombre de produits sont conçus en collaboration étroite avec le client en dehors de ce secteur (Decathlon par exemple est très proche de ses clients sportifs et fait d'eux des concepteurs et des testeurs engagés).

...au client (un peu plus) actif
Depuis l'avènement d'internet et des réseaux sociaux, le client s'est rapproché de l'entreprise, offrant à cette dernière la possibilité d'échanger avec le client et dans le meilleur des cas de co-créer avec lui. Beaucoup de marketers ont saisi l'opportunité de faire de cette collaboration un axe très opportuniste de communication. Le premier exemple qui me vient à l'esprit est le choix des saveurs des danettes de Danone. Je ne nie pas la volonté de participation de cette marque et le succès de ces "opérations" : dès 2006, 400.000 votants élisaient la saveur crème brûlée, l'année d'après, plus d'un million et demi de votants élisaient Danette chocolat blanc et en 2010, pour ses 40 ans, 480 français ont "offert leur sourire sur les pots de la crème dessert préférée des Français", pour citer les sources de Danone et une étude Ifop.
Là où "C’est qui le patron ?! La marque du consommateur" va plus loin, c'est qu'elle délaisse les adjuvants marketing pour s'intéresser à la composition économique du produit et elle fait participer les clients en leur offrant de vrais choix.

Une nouvelle démarche participative
"C'est qui le patron ?!" est tout d'abord une démarche participative. Je viens de voter ce matin sur le site pour mes dix produits préférés à créer prioritairement sous "La marque du consommateur".
Ensuite, pour assurer le succès de leur commercialisation "un engagement préalable des consommateurs valide leur mise sur le marché via des questionnaires/cahiers des charges qui sont soumis à toutes et à tous avant le lancement de chaque produit.
Une fois validés, les produits sont fabriqués par des structures partenaires engagées aux côtés de la marque, suivant les mêmes valeurs et le cahier des charges durable et responsable retenu.
Les coûts de publicité sont remplacés par une communication de réseaux.
La traçabilité totale sur la fabrication et la composition des produits assurent une garantie alimentaire constante et durable.
Après un mois de commercialisation, un million de briques telles que celle figurant en illustration de mon billet, avaient déjà été vendues. Quelques mois plut tard, le compteur affichait 4 millions de briques de lait vendues et aujourd'hui, dans certains magasins Carrefour, il représente 25% des ventes du leader de la catégorie. Cette année, selon LSA, on comptera 7600 points de vente en France dont Carrefour, Cora, Auchan, Leclerc et Intermarché... Ajoutons à cela le fait que, selon Les Echos de cette semaine, la marque s'étendra à l'international et comptera bientôt de nombreux produits pour constituer une gamme collaborative autour de cette belle et vertueuse brique de lait. Bref, c'est un succès.

L'origine de l'initiative
A l'origine, c'est une initiative de l'association anti-gaspillage alimentaire, Les Gueules Cassées qui a réuni l'an passé 7.850 internautes pour décider du cahier des charges de leur brique de lait et de la rémunération des éleveurs. Interrogé par Le Parisien, Nicolas Chabanne -surnommé "le patron des consommateurs" par le quotidien-, et initiateur de la démarche, déclarait "Pour la première fois, c'est le consommateur qui décide et pas un industriel qui lui impose ce qu'il peut manger. Nous avons le pouvoir. C'est le début d'une nouvelle ère !". Cet homme brillant voit juste et il met en oeuvre concrètement les aspirations de la majorité des consommateurs.
Philippe Moati de l'ObSoCo, livrait récemment son analyse issue de l'Observatoire du rapport à la qualité dans l’alimentaire : "Les consommateurs sont fortement en attente de qualité en matière d’alimentation. Ainsi, même si c’est uniquement déclaratif, il convient tout de même de noter que 59 % des Français interrogés affirment privilégier la qualité quitte à payer plus cher".
Quoi de mieux que d'offrir au client un choix en pleine conscience sur la qualité du produit ? Quoi de mieux que créer une démarche vertueuse pour contrer la défiance des consommateurs envers les grandes marques ?

En 2012, j'illustrais un billet intitulé "des visages pour lutter contre la défiance du client" avec des photos des packagings des Petits producteurs de chez Monoprix, sans savoir ce Nicolas Chabanne en était un des co-concepteurs.
En 2011, je créais l'opération Président des clients, l'élection d'un client représentant une marque qui a donné lieu à des belles histoires chez PMU, Engie, IKEA, Leroy Merlin, Decathlon, BUT,... Ce projet a trouvé son écho auprès des participants et des entreprises, sensibles à la part de voix croissante du client par rapport à celle de la marque.

De signal faible à tendance lourde, d'initiative locale à réussite nationale, j'observe que le client prend une place de plus en plus importante dans la consommation et que des personnes aussi visionnaires que Nicolas Chabanne prennent la tête de mouvements qui font du client un acteur responsable.

Alors, c'est qui le patron ?

Billet écrit par Thierry Spencer, auteur du blog Sens du client et Directeur Associé de l'Académie du service. 
Dédicace à mon partenaire Mickael pour le titre de ce billet.

Les mots qui tuent : la vidéo

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Ça y est ! J'ai décidé de transformer certains billets de mon blog en vidéo. J'ai commencé par le billet qui a eu le plus de lecteurs l'an passé : "les mots qui tuent la relation client", expressions malheureuses, maladroites ou irritantes qui ponctuent notre vie de client.
J'espère que vous apprécierez cette nouvelle rubrique de mon blog !

Retrouvez les billets d'origine :

Six entreprises lauréates du prix Excellence client 2017 : le discours des gagnants.

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Decathlon, ING Direct, Leroy Merlin, Nature & Découvertes, Nocibé et Picard sont les lauréats de cette première édition du Prix Excellence Client. Tout au long du processus d’évaluation, ces six entreprises ont démontré qu’elles plaçaient le client au cœur de leur stratégie pour lui offrir la meilleure expérience possible.
L'ambition
L’approche du Prix Excellence Client se veut la plus complète et la plus sérieuse possible, pour distinguer avec objectivité les entreprises les plus performantes dans trois domaines : la satisfaction client, la culture client et les moyens mis en oeuvre. En s’appuyant sur l’expertise de ses co-fondateurs, l’Académie du Service, Ipsos et Trusteam Finance, le Prix Excellence Client propose une vision globale de la performance client et une démarche inédite d’évaluation.
Je suis heureux de faire partie des co-organisateurs de ce prix original qui se distingue par son ambition de sortir du thème de la relation client pour s'intéresser à la stratégie de l'entreprise et ses résultats sur le client.
La méthode
Ipsos nous a livré 33 noms d'entreprises à la suite d'une étude de satisfaction portant sur 76 marques dans 5 secteurs. Ces 33 entreprises ayant ont obtenu une note supérieure à la moyenne de leur secteur, nous avons sollicité les 33 dirigeants de ces entreprises et 15 ont accepté de se soumettre aux deux épreuves suivantes : un questionnaire d'excellence portant sur de nombreuses dimensions et un entretien conduit en binôme en suivant une méthode précise et identique pour tous les participants. Aucune participation financière n'est demandée aux entreprises, et celles-ci n'ont pas eu à s'inscrire, la démarche est volontaire pour les épreuves d'évaluation. Florence Lagrange et Christophe Ferrari de Trusteam Finance ont mené les entretiens avec Jean-Jacques Gressier, le Président de l'Académie du service et moi-même pendant deux mois.
Nous avons ensuite rendu chacun une évaluation sous la forme d'une note sur 100 et la moyenne des 3 notes nous a donné les six gagnants,
L'engagement
A titre personnel, je suis vraiment ému car je ne suis jamais aussi heureux que lorsque je rencontre des personnes passionnées comme Florence Lagrange, Christophe Ferrari et Jean-Sébastien Beslay (tous les trois en charge du prix chez Trusteam), et que nous imaginons ensemble avec mon associé Jean-Jacques Gressier et les équipes d'Ipsos (Marie-Paule Bayol, Olivier Lagrand, Olivier Hassler) une récompense pour les entreprises qui font ce qu'elles promettent, qui font vivre leurs convictions et qui sont résolues à améliorer la vie des clients et de leurs collaborateurs. Les lauréats réussissent en prenant soin de leurs clients et elles font naturellement le lien entre la satisfaction client et la performance économique.
Les discours
Ce qui était frappant en écoutant les vainqueurs lors de la soirée de remise des prix, c'était d'une part leur émotion sincère et d'autre part la parfaite incarnation de l'excellence dont je vous propose ici une synthèse. Et devinez quoi ? L'excellence est synonyme d'humilité chez les gagnants. Lisez plutôt ce qui suit :

Decathlon - Martine Coupet, Directrice de la relation client 
"Je suis franchement fière pour les équipes en magasin, et pour tous ceux qui  travaillent chez Decathlon. Votre analyse montre bien que l’excellence client ne se fait pas comme ça, du jour au lendemain !  C’est un métier passionnant et c'est vrai qu'on fait  de très belles choses, mais on a encore un sacré bout de chemin à faire avant d'atteindre justement cette excellence. J’ignore si on l'atteindra vraiment un jour mais en tout cas on fait tout pour chez Decathlon. Merci aux organisateurs pour cette reconnaissance". 
Xavier Rivoire, responsable de la communication RH
"Jean Jacques Gressier parlait de bon sens, et ce qui m'a étonné quand j'ai rejoint Decathlon, ça a été de découvrir ce bon sens et je me suis dit que le bon sens commerçant existait encore et ça m'a grandement rassuré; moi qui suis petit fils de marchand grainier. Michel Leclerc, le créateur et fondateur de Decathlon avait pour habitude de rappeler à ses collaborateurs les règles de bon sens du commerce (7 à l’époque, nous sommes 70000 aujourd’hui), telles que que le sourire, de l’entrée à la sortie du magasin.  Je crois qu'on doit faire encore beaucoup mieux sur de nombreux sujets : l’impact environnemental, l'équité, la diversité… Mais Decathlon est une entreprise absolument sensationnelle sur la relation humaine et c'est ce que l'on essaye de transmettre chaque jour à celles et ceux qui nous font l'honneur d'entrer dans nos magasins."


ING Direct - Olivier Luquet, Directeur Général
"Nous essayons tous d'aller vers ce Graal de l’Excellence Client, sur ce chemin sans fin. ING veut être la banque de préférence de ses clients, et au quotidien, ça signifie  chercher à rendre nos produits encore plus simples, plus transparents, à offrir un service accessible quand le client le souhaite. Nous cherchons nos sources d’inspirations bien au-delà de la banque, car la banque de demain doit se construire autour du client et pas autour de nos contraintes. C'est un guide très concret pour nos choix d'investissement et une approche qui fait que nous construisons nos produits avec le client, en intégrant la voix du client à chaque étape. C’est aussi une somme de détails, une exigence au quotidien, comme par exemple le fait de démarrer chaque réunion, par la lecture de quelques réclamations de nos clients, par des écoutes d'enregistrements de relation client. 
Je pense que fondamentalement c'est vraiment une culture, et que ça se joue dès le recrutement. On pose aux candidats traditionnellement une question "c'est quoi pour vous l'excellence du service ?". 
Pour nous, chercher l'excellence client c'est aussi la capacité à se dire avec sincérité quand on a été bon et quand on ne l’a pas été. Si vous n’êtes pas en capacité en équipe, avec bienveillance mais aussi avec exigence, de reconnaître  qu’on n’est parfois pas bon, et bien l'entreprise ne peut pas avancer.
Je suis fier d'appartenir à ING car c'est cette culture qui irrigue tous les collaborateurs et qui s'impose à tous les niveaux de l'entreprise ; elle se nourrit par un dialogue constant et une accessibilité de chacun. 
Il y a les grands prix qu'on reçoit comme celui de l’Excellence client aujourd’hui,  et il y a les petits prix du quotidien qui sont ceux finalement qui nous font avancer chaque jour, ce travail de fond, cette exigence quotidienne."


Leroy Merlin - Valérie Neve, Responsable Relation et Vente à Distance 
"C'est un ravissement de se trouver aux côtés d’entreprises que nous regardons de très près parce que évidemment nous avons comme ambition d’être toujours les meilleurs en terme de satisfaction client. Je pense à nos 22000 collaborateurs qui font au quotidien tout ce qu'ils peuvent pour que nos clients ressortent satisfaits  de nos magasins et qu'ils puissent accomplir leurs projets avec une grande fierté et une vraie facilité. Je pense aussi en particulier à tout ce qu'on met en place par le biais de la Symétrie des attentions : pour avoir des clients heureux il faut aussi avoir des collaborateurs heureux dans leur travail, heureux de servir. Leroy Merlin, pour laquelle je travaille depuis quelques années, fait très attention à ses collaborateurs et fait en sorte qu’ils travaillent dans le plaisir au quotidien."


Nature et découvertes - Clarisse Charreaux, Directrice Marketing et Communication 
"C'est une grande fierté pour nous de recevoir ce prix parce qu’il symbolise tout ce qui nous anime au quotidien.  Le commerce tel qu'on le défini et qui fait partie de nos valeurs, c'est agir pour et avec le client, en nouant des relations sincères, une notion fondamentale pour nous. La société s’est créée y a 26 ans sur une ambition forte, celle de faire du commerce autrement, en proposant des services forts, du bien-être dans nos magasins et beaucoup de générosité. Nous avons l'habitude de dire à nos équipes que nos clients doivent être reçus et considérés comme des invités, ils doivent avoir le sentiment d'être accueillis, d'être attendus. 
C’est pourquoi nous proposons à nos clients des dégustations, des ateliers pour apprendre, des sorties dans la nature, et puis, depuis peu de temps, nous les invitons avec quelques membres du comité de direction à échanger un diner avec eux. Dans notre belle enseigne, ce qui prime, c’est l'animation des équipes et leur engagement, c’est la solidarité entre les équipes du siège, de l’entrepôt et des magasins, comme durant la période de Noël lorsqu’on va passer le week-end à s’entraider.
Lorsque François et Françoise Lemarchand ont créée Nature et Découvertes il y a 26 ans, c'était justement ce qu’ils cherchaient, ce qu’ils voulaient. Ne le trouvant pas ailleurs, ils ont décidé de le créer !"


Nocibé – Pierre Aoun, Président du directoire
"Je tiens tout d’abord à remercier les organisateurs pour cette très belle initiative, parce que franchement, je pense que c'est un prix qui manquait. Ensuite, ce prix récompense en tout premier lieu nos conseillères de beauté dans nos 600 magasins. Elles ont cette passion, elles ont une expertise, elles ont cette bienveillance quand elles prodiguent ensemble des conseils à chacun des clients à chacun des visiteurs. Ce prix est à eux. Ce prix récompense Nocibé qui est une entreprise qui a grandi dans le respect d'un certain nombre de valeurs, et qui depuis 30 ans a véritablement ancré dans sa culture et dans sa stratégie, le service et le client. 
Je ne suis absolument pas étonné qu'une société financière comme Trusteam Finance s'intéresse à des sociétés qui s'intéressent elles-mêmes au client parce que je pense qu'il y a une très forte corrélation qui existe entre l'intérêt que vous portez a votre client et les performances. Et évidemment la culture chez Nocibé participe d'un très haut niveau de qualité de service et de satisfaction client, mais participe également -et c'est prouvé- à un très haut niveau de performance. J'aimerais également dire que ce prix s'adresse tout autant à l'ensemble des services du siège, qu’aux équipes dans les magasins. Il récompense l'ensemble des actions des services du siège, qu’ils soient en back office ou en front office. Je pense que l'ensemble des collaborateurs de Nocibé sont passionnés par le client et le client du siège c'est les magasins, donc en fait, l'ensemble des équipes, que ce soit en magasin ou au siège, sont véritablement à l'écoute du client et ce soir vous les honorez et je vous en remercie."


Picard - Philippe Dailliez, Président
"Nous sommes régulièrement sollicités pour des prix, et le vôtre m'a particulièrement intéressé par le fait que nous étions challengés sur l'excellence client. Nous sommes régulièrement l’enseigne préférée des Français, ou l'entreprise la plus utile aux Français, un prix qui m’a beaucoup plu. Nous nous sommes retrouvés dans votre challenge avec grand plaisir, car j'ai trouvé avec Thierry Pélissier notre directeur marketing client cross canal, la démarche extrêmement intéressante et stimulante. 
Picard est une entreprise ou le mot excellence est connu. Il est connu d'abord sous l'angle du produit. J'espère que vous avez eu l'occasion de constater notre niveau d'excellence sur le produit, car ce que vous voyez à l'externe est du même niveau en interne. Je pense qu'il y a pas d'excellence client sans excellence produit, les deux sujets sont intimement liés, sinon c'est un peu artificiel, pas si solide que ça, pas si pérenne...
Le mot excellence nous est familier, mais l'excellence client est plus récente, et c'est un chemin qui s'ouvre à nous avec modestie, car nous avons des forces mais également beaucoup de chemin à faire. Ensuite il y a l'expérience du client, et là il faut être d'une humilité incroyable. Vous avez évoqué tous les sujets clé à couvrir : c'est un champ immense de progrès. Nous sommes dessus, et nous avons encore mille choses à faire !
Le secret, c'est se comporter en commerçant de proximité, dans nos 968 magasins où nos responsables de magasins sont extrêmement actifs. Nous entrons dans le digital de plus en plus sous l'angle du commerçant de proximité, et c'est un défi incroyable au niveau de la personnalisation de masse. 
Et puis le troisième axe, véritablement clé sur notre chemin, ce sont nos équipes, des commerçants qui font la satisfaction du client au quotidien et j’en suis très admiratif. Pour certains de nos responsables de magasin qui sont chez Picard depuis 30 ans on peut se demander quelle est leur motivation de fond, quel est leur secret ? Je crois qu’il faut d’abord être gourmand, parce qu'on vend des produits alimentaires, et puis il faut être passionné par le client. Nous avons des gens qui aiment les gens, des gens qui sont des commerçants. 
Les enseignes qui ont été citées aujourd’hui lors de cette remise de prix sont absolument magnifiques.  Merci de vous être intéressé à Picard, merci d'avoir porté votre regard sur nous, merci pour ce prix d’Excellence client, deux mots incroyables. Nous allons nous accrocher pour le garder maintenant !"

Ce billet serait incomplet sans la reconnaissance et les remerciements adressés à Mickael Ratsimbazafy de l'Académie du Service et Louis Breton d'Ipsos, sans qui la création de ce prix n'aurait pas été possible.

Rendez-vous sur le site du Prix Excellence Client pour en savoir plus.

Billet écrit par Thierry Spencer, auteur du blog Sens du client et Directeur Associé de l'Académie du service. 

Stéphane Bourrier (UCPA) et le Sens du client

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J'ai le plaisir d'interviewer un homme heureux et passionné, Directeur de l'expérience client de l'UCPA et Président d'une association dont je suis fier d'être membre depuis 2006, l'AMARC.
Cette interview est l'occasion de découvrir les ambitions de l'UCPA en termes d'expérience et de vous convaincre d'adhérer à l'AMARC...
Commençons par l’UCPA, née en 1965 sous une forme associative, et son ambition : être éducateur sportif pour tous, au travers de 3 missions :
  • Placer la personne humaine au centre de ses préoccupations : c’est une vision humaniste pour les jeunes.
  • Donner la capacité de vivre le sport est la nature de l’expérience UCPA : c’est l’accessibilité au sport pour tous.
  • Faire « sortir de soi » par l'expérience, rencontrer d’autres et progresser : c’est une pratique d’éducation au vivre ensemble.
Révéler sa vraie nature par le sport est le coeur de l'expérience UCPA. Elle est rendue possible par 7.300 collaborateurs -dont près de la moitié a moins de 25 ans- dans 110 métiers. En 2016, plus de 3,2 millions de personnes ont fait confiance à l’UCPA pour participer avec d’autres à un stage sportif en vacances ou pour pratiquer des loisirs sportifs dans 275 lieux d’activités.
Dans le respect des valeurs de l'UCPA, Stéphane Bourrier instaure avec ses équipes un cadre informel propice à la relation. Cela passe par exemple par le tutoiement pour illustrer l’ambition de garantir une expérience cohérente dans tous les moments de la vie du client UCPA, avant le départ, pendant le séjour, après celui-ci. Il n’y a pas de robot derrière les messages, chaque message est personnalisé et signé avec possibilité d’entrer en contact avec l’interlocuteur.
En outre, les collaborateurs en charge des réclamations ou de la relation client niveau ont un budget défini et ont des marges de manœuvre pour décider à leur niveau (sans en référer au n+1) du geste éventuel à attribuer au client en fonction de la situation (exemple écart entre la version du client et celle du directeur de centre). A situation identique, il y a une équité de réponse faite au client.

Stéphane Bourrier ne manque pas d'énergie, et sa deuxième casquette est tout aussi passionnante. Il préside l'AMARC, une association dynamique qui réunit 280 entreprises adhérentes dont j'ai eu souvent l'occasion de parler sur mon blog.
Son objet est le partage de bonnes pratiques et les échanges entre acteurs issus de la relation client, marketing, qualité, satisfaction et expérience client...
Ses activités : conventions thématiques, clubs métiers, groupes de travail, Club Grand Ouest, Club International, guide collaboratif de bonnes pratiques, formations…
Ses ambitions :
  • Professionnaliser : approfondir, recueillir de la valeur ajoutée auprès d’experts et de praticiens
  • Partager : créer un réseau de professionnels pour échanger, s’ouvrir, s’étalonner et se challenger avec d’autres managers qui ont en charge de gérer la Réclamation Client
  • Progresser : organiser des recherches, études, publications, établir une veille
  • Promouvoir : faire connaître et reconnaître la fonction management de la Réclamation Client
Il règne au sein de l'association une ambiance que j'affectionne depuis toujours. Elle est faite de partage, de bonne humeur et de simplicité dans la relation. Quand on connaît Stéphane Bourrier, on ne peut s'empêcher de penser qu'il incarne ces valeurs, dans son métier et dans son mandat.
Voici son interview :

Qui êtes-vous ?

Je suis entré à l’UCPA en 1997 en tant que coordinateur qualité sur les régions du sud-ouest de la France et des Antilles, un job qui consistait à aider les directeurs de centres à améliorer la dynamique qualité locale et la satisfaction des clients. Issu d’un cursus industriel au niveau de mes études, je me suis pris de passion pour la qualité et la satisfaction client. J’ai crée le service réclamations UCPA en 2000 avant d'être Directeur Qualité en 2006. J’occupe aujourd’hui le poste de Directeur de l’expérience client de l’UCPA et j’ai la chance d’être, depuis 4 ans, Président de l’Association pour le Management de la Réclamation Client dont je suis fier d'avoir été l'un des co-fondateurs en 2004.

Selon vous, pour une entreprise, qu’est-ce qu’ « avoir le sens du client » ?

Pour moi, tout d’abord, c’est faire correspondre les actions aux mots.
Avoir le Sens du client, c’est faire preuve d’authenticité dans la relation, je veux dire que le caractère du collaborateur en contact avec le client doit s’exprimer. C’est pourquoi je privilégie les échanges sans script et j’encourage une forme de spontanéité et d’intelligence de situation : c’est par exemple, savoir utiliser l’humour à bon escient, au bon moment.
J’ajouterais la capacité d’adaptation à son interlocuteur, quel que soit le canal, par téléphone comme par écrit. La transparence, une autre facette du sens du client selon moi, c’est la reconnaissance de l’erreur auprès du client, en prenant soin de répondre au client et se plier aux contraintes qui sont parfois d’ordre juridique et expliquer aux clients les actions mises en œuvre pour corriger et améliorer nos produits, services ou process, voire prévenir des dysfonctionnements.
Le Sens du client, c’est aussi l’écoute et l’entr’aide, savoir être aux côtés du client dans les moments difficiles, les incidents de parcours. Par exemple, à l’UCPA, nous avons à cœur de suivre quand nous le pouvons l’état de santé de la personne blessée, le conseiller au mieux dans ses démarches. C’est aussi l’entraide sein de l’équipe, un collaborateur va venir en soutien de l’un de ses collègues pour l’aider à tenir ses engagements de services.
La relation client UCPA doit transpirer toutes les valeurs véhiculées par notre association !

Que pensez-vous de l’évolution de la relation client en France ? 

J’ai le profond sentiment que la relation client est devenue un sujet de préoccupation à la tête de nombreuses entreprises qui ont compris que c’était un formidable axe de différenciation et d’attractivité.
Signe des temps : le terme « relation client » laisse place à « l’expérience client » qui englobe l’entièreté de la vie du client et de ses parcours. L’expérience client traverse toute l’organisation de l’entreprise et le digital réinterroge les compétences des collaborateurs ; des transformations profondes s’opèrent au sein des entreprises.
Pour moi l’enjeu se trouve dans l’organisation des entreprises pour assurer la cohérence des messages à chaque point de contact, et sachant que ceux-ci deviennent plus complexes à gérer, la tâche est ardue.

Avez-vous une anecdote, un exemple de relation client remarquable ?

C’est une histoire qui est arrivée à une de mes collègues à l’UCPA. Chargée de relation client, elle répond à l’appel d’un client qui exprimait une insatisfaction. Durant la conversation, il fait valoir son statut de responsable de la relation client d’une autre entreprise. Deux professionnels en contact ! Là où l’histoire devient cocasse, c’est que ma collègue avait elle-même fait part de son mécontentement auprès de la société dans laquelle travaille la personne qu’elle avait en ligne. La discussion prend une tournure inédite et le client se transforme vite en professionnel de la relation client et traite le problème de ma collègue. L’échange a pris une tournure inattendue de ce fait et le ton est devenu cordial, l’un traitant et solutionnant le problème de l’autre. La conversation téléphonique s’est terminée sur un échange de coordonnées entre professionnels avec la promesse d’être un bon interlocuteur en réciprocité. C’est l’exemple, le plus drôle que je connaisse à propos de la Symétrie des attentions !

Pour adhérer à l'AMARC, suivez ce lien.

147ème interview réalisée par Thierry Spencer, auteur du blog Sens du client et Directeur Associé de l'Académie du service. Retrouvez les autres interviews dans la rubrique dédiée.

Pourquoi l'expérience client LEGO est l'une des meilleures du monde

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Customer experience LEGO
Lors de mes conférences, il y a une séquence que j'affectionne, c'est celle pendant laquelle je demande aux participants de me dire quelle est la marque la plus puissante du monde en 2017 selon Forbes magazine. Généralement, les réponses immédiates sont : Google, Apple, Facebook, Amazon (le groupe des fameux "GAFA") ou bien Coca Cola, Disney ou encore Nike.
La réponse est LEGO, la marque danoise créée en 1932, classée N°1 au niveau mondial par la société Brand Finance sur trois critères ( "Equity metric" qui pèse 50% de la note et qui correspond aux résultats d'étude client sur la préférence et l'intention d'acheter, "Brand input" -25% de la note- correspond aux dépenses engagées pour le marketing et ""Output" -25% de la note- évalue le niveau de prix et de marge).
J'ai une passion pour les classements, listes et autres palmarès, mais j'aime aussi savoir si ces calculs savants correspondent à une réalité tangible.
C'est pourquoi, je me suis rendu à nouveau cette semaine dans deux boutiques LEGO (à Lille, au centre commercial Euralille et à Paris au Forum des halles) pour vivre une nouvelle expérience (sachant que j'ai déjà commandé en ligne, que je connais au moins 5 boutiques différentes et que je suis titulaire d'une carte de fidélité).
Voici ce pourquoi je pense que l'expérience LEGO est l'une des meilleures du monde.
  1. Parce que LEGO prend soin de sa marque. Je vous imagine lire ces lignes en disant que c'est bien plus facile de créer un univers et une marque forte dans le secteur du jouet que dans n'importe quel autre secteur. Revenons quelques années en arrière. 2003 : LEGO totalise un déficit de 188 millions d'euros et un chiffre d'affaires en baisse de 25 %. La décision est prise par le petit fils du fondateur de licencier près de 10% des effectifs de l'entreprise familiale danoise : un choc historique. A ce moment de son histoire, la marque aussi forte et ancienne soit-elle ne donne plus de résultats. Il faut l'arrivée d'un nouveau Directeur général pour relancer la machine et redonner du sens à cet univers. Et ce sens, c'est celui du client. "La bataille ne se gagne pas dans le bureau du PDG. Elle se gagne sur chaque marché, à la rencontre des clients"déclare Jørgen Vig Knudstorp, artisan de la relance (qui vient de passer la main il y a quelques mois). Durant ses 13 années de mandat, le dirigeant n'a eu de cesse que d'affirmer le positionnement singulier, de renforcer l'univers de la marque, se concentrer sur les activités au coeur du métier et contre toute attente, de le développer -entre autres- par le jeu d'alliance avec des licences (Disney, Star Wars, le Seigneur des anneaux, DC Comics...). Interrogé sur l'aventure, il déclare aujourd'hui que Lego était un "mauvais manager de sa marque". Leçon numéro 1 : pour produire une expérience client de classe mondiale, il faut prendre soin de sa marque.
  2. Parce l'offre produit est qualitative et renouvelée. Tout comme moi, vous avez peut-être dans vos placards des briques de LEGO qui datent d'il y a plusieurs décennies. Ils sont là pour vous rappeler que vous même ou vos enfants ont construit des univers dans le secret de leur chambre, et développé leur imagination. Le produit d'origine (la brique) n'a pas changé depuis 1958, il s'est enrichi avec de nouvelles gammes qui correspondent aux attentes des enfants de chaque génération, et pour lui donner une nouvelle vie, il apparaît dans des films de qualité comme dans des jeux video ou des bandes dessinées. Bien que les derniers brevets aient expiré en 1989, ouvrant le marché à d'innombrables concurrents, LEGO vend plus de 70 milliards de pièces chaque année dans 140 pays, se classe troisième parmi les fabricants de jouets au monde (et N°1 en France), avec un chiffre d'affaires de 4,8 milliards d'euros.
  3. Parce que LEGO favorise et produit un contenu fort. Le contenu de la marque LEGO est enrichi chaque jour par ses propres clients qui créent leurs constructions, les partagent, les filment. Mais la marque n'est pas en reste : en 2014 est sorti le film "Lego la Grande aventure" salué par la critique et totalisant 470 millions de dollars de recettes sur la planète ; un film que j'ai adoré dans lequel les méchants sont ceux qui suivent la notice et les gentils inventent et créent d'autres univers. Le second long métrage "Batman Lego" sorti le 8 juin dernier a déjà engrangé plus de 300 millions de recettes. Sur internet, LEGO a créé des microsites, des mini séries, des communautés,... La chaîne YouTube de Lego, considérée comme une des meilleures chaînes de marque, totalise 3 millions d'abonnés et près de 5 milliards de vues !
  4. Parce que LEGO propose une expérience multiple. LEGO propose à ses clients un site de marque, un site de commande en ligne, plus de 120 boutiques dans le monde, six parcs à thème et d'innombrables lieux de conversation (cf la collaboration avec le client ci-dessous) qui permettent à la marque de s'exprimer. L'expérience d'achat quant à elle, se fait en ligne, chez des revendeurs, dans des points de vente de la grande distribution et de la distribution spécialisée et dans les boutiques LEGO. Simple constructeur ou aficionados, enfant ou adulte, les points de contact de diverses natures sont conçus pour renforcer l'expérience.
  5. Parce que l'expérience est cohérente sur tous les points de contact. J'enrichis chaque jour ma collection de points de contact lors de mes expériences personnelles, sous forme de photos, de films, d'enregistrements ou de copie d'écran. Je crois que LEGO est une des marques qui présente le plus de points de contact en cohérence avec la marque. En voici une courte liste : le design des boutiques, le visuel sur l'écran de la caisse avec un personnage, la tenue des collaborateurs, les emballages, le magazine, le ticket de caisse, les emails, le questionnaire de satisfaction, la page de confirmation de commande sur le site internet,... L'expérience a donc été designée, elle est intentionnelle, elle est maîtrisée et elle se nourrit de la marque. Tous les points de contact sont valorisés et mis en cohérence avec la marque, avec une touche de connivence qui fait parfois toute la différence (Lire mon billet"Le client sera connivent").
  6. Parce que les interactions en boutique sont riches. Lors de mes deux dernières visites, je suis entré en contact avec au moins 2 personnes dans les boutiques. A Lille, la personne qui se trouve dans la zone de construction se retourne en me voyant rentrer et me demande "est-ce que vous voulez construire avec nous ?". En passant dans les rayons à Paris, un vendeur me demande "est-ce que vous voulez voir mon tatouage ? Je plaisante... ce n'est pas un taoutage, c'est un coup de tampon sur le passeport"(vous pouvez en effet faire valider votre passeport LEGO dans les boutiques, pour prouver que vous avez vécu l'expérience complète). Dans mes deux expériences, les employés semblent suivre les attendus de leur poste dont voici une description :  "Vous stimulez l’imagination de nos clients grâce à votre créativité. Votre enthousiasme et votre sens du service, garantissent que chaque visite dans notre boutique devienne une expérience inédite." Si LEGO investit autant dans ses boutiques en termes d'expérience et compte sur ses collaborateurs pour l'incarner et la faire vivre, c'est qu'ils savent que l'expérience doit être la plus forte et la plus singulière dans un lieu aux couleurs de la marque.
  7. Parce que LEGO favorise la collaboration avec les clients. LEGO est une marque qui engage naturellement ses clients (relire mon billet "Marques et médias sociaux : 7 critères stratégiques pour s'y investir" ou bien "Le client sera marketer"). Mais LEGO ne se contente pas d'être un sujet de conversation. Elle participe au Lego Ambassador Network, regroupant plus de 300 communautés d'adultes fans de la marque. Elle a créé le programme "professionnels certifiés" et dialogue avec ses clients sur la plateforme Lego Ideas qui compte plus de 450.000 membres, produit 6.000 idées chaque année qui donnent lieu à un vote. «Les projets qui obtiennent 10.000 votes favorables, soit environ 25 par an, intègrent ensuite le processus normal de conception», expliquait à Stratégies Frédéric Darthenay, directeur marketing de LEGO France. 
  8. Parce que l'expérience LEGO est mesurée et partagée. A la suite de chaque achat dans une boutique ou sur le site internet, Lego mesure l'expérience client depuis 2005 par le biais d'un questionnaire dont le principal indicateur est le Net Promoter Score. C'est ce que j'ai fait il y a quelques jours suite à mon achat à Lille (et j'ai mis 10 !). Interrogée à ce sujet, la Vice-Présidente en charge de l'expérience déclarait en novembre dernier : "Le NPS consiste à créer une connexion émotionnelle. Si je vois une entreprise avec un score de 25 et une avec un score de 75, je sais pour quelle société je voudrais travailler. C'est un endroit beaucoup plus heureux qui a des clients beaucoup plus heureux, et travailler pour une entreprise avec un score élevé vous donne un sens."
  9. Parce que les dirigeants sont motivés sur l'expérience. La rémunération des dirigeants de LEGO est basée sur des critères de performance financière pour un tiers et la part restante est indexée sur le Net Promoter Score des clients et des fournisseurs ainsi que sur des études d'engagement collaborateurs. Les dirigeants ne s'intéressent donc pas qu'à l'expérience des clients, mais également à celle des collaborateurs, dans l'esprit de la Symétrie des attentions. Comme disait Louis Gersnter (ex PDG d'IBM), "People don't do what you expect but what you inspect" (les gens ne font pas ce que vous attendez mais ce que vous mesurez).
  10. Parce que le management défend les valeurs et favorise l'initiative."La culture que j'essaie de créer est celle où chaque année, lorsque nous célébrons un autre résultat record, je dis: "Merci d'avoir fait toutes les choses que je ne vous ai jamais demandé de faire." Je ne veux pas contrôler. Je veux créer un contexte. Je veux favoriser la clarté de la culture et faire des choix stratégiques, mais je veux que les gens me surprennent. Je ne veux pas un endroit où les gens font ce qu'on leur a dit de faire parce que cela (...) crée de la peur." déclarait Jørgen Vig Knudstorp, l'ex-PDG de Lego au site du BCG. Le discours de ce dirigeant pourrait suffire à nous convaincre de cette culture qui favorise l'initiative et la créativité. Mais les valeurs de la marque sont fortes, elles sont écrites, elles sont vivantes et partagées. Comme le déclare le directeur marketing France au Parisien"N'ayant jamais été obnubilée par le seul profit ou un cours de bourse, Lego a su se développer en restant fidèle à ses valeurs." Par le fait qu'elles sont exprimées pour toutes les parties prenantes de l'entreprise, elles permettent la mise en oeuvre de la fameuse Symétrie des attentions... Jugez-en plutôt :

    Billet écrit par Thierry Spencer, auteur du blog Sens du client et Directeur Associé de l'Académie du service. 

    Laurent Perraguin (Bruneau) et le Sens du client

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    relation client B2B
    « Mettre de l’extra dans l’ordinaire », c’est l’état d’esprit de Bruneau, le leader français de
    l’e-commerce dans le secteur du mobilier et de la fourniture de bureau à destination des professionnels, dont le Directeur de la relation client a bien voulu répondre au questionnaire du Sens du client.

    Il y a maintenant plus de 60 ans, en 1955, Jean-Marie Bruneau invente la Vente par correspondance en B2B et la livraison en 24h… à vélo ! Depuis, l’entreprise innove dans le domaine des services, avec notamment l’initiative la plus récente : le service My Bruneau qui propose gratuitement aux entreprises de trouver le produit dont ils ont besoin (un produit qui introuvable, un bureau à faire fabriquer sur mesure, un stylo à personnaliser aux couleurs de la marque…).
    Aujourd’hui, Bruneau est un acteur européen majeur de son secteur avec une présence dans 5 pays, 300.000 produits au catalogue, 6 millions de colis acheminés chaque année, 5200 commandes traitées par jour dont 70% proviennent du web.
    Bruneau, dont ma propre entreprise est cliente, ne cesse de m’étonner par ses initiatives (dont je me suis fait l’écho dans un précédent billet à propos du colis comme source d’enchantement) et a prouvé son orientation client, récompensé par le prix Elu Service Client de l’année en 2016 et le Favor’i de Bronze du meilleur site e-commerce BtoB l’année précédente.
    Bruneau compte 900 000 clients dont 97% sont satisfaits (enquête The Link 2016), le résultat d’une véritable stratégie client exprimée par le PDG Nicolas Potier en ces mots : « Depuis 1955, Bruneau a su grandir sans perdre de vue sa culture du service. L’entreprise évolue depuis 60 ans avec une obsession : la satisfaction des clients. ».
    Je vous propose maintenant de découvrir les réponses de Laurent Perraguin à mon questionnaire.

    Qui êtes-vous ?

    Je suis actuellement Directeur de la Relation Client pour Bruneau France. De formation École de Commerce, j’ai travaillé aux Achats, au Marketing, puis à l’IT afin de développer l’outil de Front Office pour la Relation Client. Depuis 3 ans, je gère la Relation Client avec une équipe de commerciaux et le centre d’appels, soit une centaine de personnes. J’ai une expérience de 30 ans dans le secteur du e-commerce avec toujours le même objectif : placer le client au centre de nos préoccupations pour le servir et le satisfaire au mieux.

    Selon vous, pour une entreprise, qu’est-ce qu’ « avoir le sens du client » ?

    Sourire, écoute, empathie, expertise, respect des engagements, satisfaction… voilà selon moi les mots d’ordre pour « avoir le sens du client » !
    Chez Bruneau, on fait en sorte que chaque collaborateur, dans son métier, se demande au quotidien « Qu’est ce qui est le mieux pour mon client ? », et qu’il puisse le mettre en œuvre ! Le « sens du client », c’est une chaine de valeurs qui traverse tous les services de l’entreprise Bruneau pour arriver au final à satisfaire nos clients.

    Que pensez-vous de l’évolution de la relation client en France ?

    La Relation Client en France évolue vite, très vite, au gré des attentes clients et de la digitalisation des relations. Les points de contacts se développent avec l’émergence des nouveaux modes de communication comme les Chats et les réseaux sociaux par exemple qui nécessitent une très forte réactivité de la part des entreprises. Si elle était encore très « humaine » il y a quelques années, la digitalisation apporte son lot de relations « à distance » qui doit cependant conserver la proximité d’origine entre le client et l’entreprise.
    Le client attend qu’on le reconnaisse en tant qu’individu et acheteur, mais sans être « agressé » par une relation trop intrusive. Le big Data permet de mieux comprendre chacun de nos clients mais nous montre aussi qu’il est difficile de bien connaitre chaque client !

    Avez-vous une anecdote, un exemple de relation client remarquable ?

    Chez Bruneau, nos contacts clients en entreprise évoluent régulièrement et changent d’entreprise : il arrive souvent qu’après une mobilité ou un changement de poste, un client renoue le contact avec son commercial Bruneau pour remettre en place la relation dans sa nouvelle société… C’est alors l’entreprise toute entière qui est fière, parce que notre « sens du client » a été reconnu !

    148ème interview réalisée par Thierry Spencer, auteur du blog Sens du client et Directeur Associé de l'Académie du service. Retrouvez les autres interviews dans la rubrique dédiée.

    La Symétrie des attentions, thème d'un colloque exceptionnel à la rentrée

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    Le blog Sens du client sera l'heureux partenaire du 11ème colloque des Talents de la relation client. Le thème retenu pour cette année est "La Symétrie des attentions, comment allier intuition et retour sur investissement ?".
    Ce colloque qui se déroulera le 29 septembre prochain à Paris, est organisé par la Fondation Service Lab, sous l'égide de la Fondation de France. La fondation organisatrice a été co-créée par l'Académie du Service, cabinet de conseil et de formation leader dans la culture de service.
    J'aurais le plaisir d'en être le co-présentateur de cette manifestation qui réunira 12 speakers venant d'horizons très différents.

    Introduction

    • Académie du Service - Jean-Jacques Gressier, Président Directeur Général et vice-président de la Fondation Service Lab
    • Georges Sampeur, Président du Directoire de B & B Hôtels et Président de la Fondation Service Lab

    Table ronde : l’histoire, la genèse, le concept de la Symétrie des attentions.
    Débats animés par Jean-Jacques Gressier
    • Grenoble Ecole de Management - Benoit Meyronin, Professeur et Directeur associé R & D de l’Académie du Service
    • Kenatra Conseil - Gwenaël Le Houerou, Président
    • Université Paris-Est Marne-la-Vallée - Muriel Jougleux, Professeur agrégée des Universités en sciences de gestion
    Les 30 minutes de l’entrepreneur inspirant


    Témoignages sur le « retour sur investissement » de la Symétrie des attentions.
    Interventions orchestrées par Mélanie Desvaux, Chef de projet Consultante et moi-même, en tant que Directeur associé à l’Académie du Service
    • La performance client avec Voyages-sncf.com - Valérie Darmaillacq, Directrice de la Performance et de la Relation Clients (lire son interview sur mon blog)
    • La performance managériale avec GT Location - Michel Sarrat, Président Directeur Général
    • La performance financière avec Trusteam Finance - Jean-Sébastien Beslay, Associé gérant (que j'ai interviewé récemment sur mon blog)
    Carnet de tendances de la Fondation Service Lab
    • Enedis (ex ERDF) - Olivier Roland, Directeur clients
    • FOPH (Fédération des Offices Publics de l'Habitat) - Laurent Goyard, Directeur général
    Conclusion de la matinée par un entrepreneur inspirant

    Michelin - Patrice Kefalas, Directeur de la performance des metiers Marketing et Ventes

    Déjeuner

    Après-midi : « Rencontre avec… » – Des idées pour la mise en œuvre de la Symétrie des attentions.
    Une animation originale permettra de rencontrer et de débattre, sur le principe d’un speed-dating, plusieurs experts et entreprises qui partageront leurs idées pour mettre en œuvre la Symétrie des attentions.
    • Académie de la sécurité : la Symétrie des attentions appliquée à la sécurité
    • Académie du Service : les 10 points clés de la mise en oeuvre de la Symétrie des attentions.
    • Académie du Service Digital : la Symétrie des attentions appliquées aux démarches de développement des compétences
    • Dirigeants, Managers, libérez-vous ! : quand la transformation des dirigeants développe l’intelligence collective
    • ICD Business School : "De McGyver à Mad Men", quelques fondamentaux du management et de la Symétrie des attentions issus de séries cultes.
    • KPAM : comment mettre en miroir expérience client et expérience collaborateur ?
    17h00 Fin de la journée

    Cette manifestation est réservée aux dirigeants et responsables d’entreprise. Pour vous y inscrire, suivez ce lien.

    Pour vous familiariser avec le concept de Symétrie des attentions (une marque déposée de l'Académie du service), je vous invite à en découvrir les enjeux dans cette video de quelques minutes.

    Video : pourquoi les collaborateurs surestiment-ils la satisfaction des clients ?

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    J'ai le plaisir de vous proposer ma deuxième vidéo sur un thème qui est central à mes yeux : celui de l'écart qui existe entre la satisfaction des clients et l'estimation qu'en font les collaborateurs.
    Ce film n'est pas une video Sens du client, mais une video Académie du service et les résultats qui y sont présentés sont issus du Baromètre annuel Cultures Services.
    Cette étude réalisée depuis 2014 mesure chaque année la satisfaction des clients sur la qualité de service et l’ancrage de la culture de service chez les employés des entreprises, c'est est en quelque sorte la mesure de la Symétrie des attentions (voir la video de Jean-Jacques Gressier) qui prétend que la qualité de la relation client doit être égale à la qualité du management. Autrement dit, prendre soin de ses collaborateurs pour qu’ils prennent soin des clients.

    Les résultats de ce Baromètre nous apprennent qu’il existe un écart moyen de 20 points entre la satisfaction réelle des clients et l’estimation qu’en font les collaborateurs.
    Et cet écart est encore plus important quand les collaborateurs interrogés sont au contact du client.
    Comment expliquer cette déformation de la perception, cette espèce d’asymétrie ?
    Les raisons de cet écart de perception
    1. Valorisation du métier par les collaborateurs. Les collaborateurs valorisent naturellement la façon dont ils accomplissent leur métier. Après une journée de travail au contact du client, quand on pense avoir tout fait pour rendre service aux clients, en suivant les procédures et les règles de l’entreprise, on se dit naturellement « les clients doivent être satisfaits ». 
    2. Prise en compte faible de la réalité du client. L’expérience du client qui se nourrit d’une multitude de points de contact, d’interactions et d’interfaces, génère autant de satisfaction que de déceptions. Cette étude miroir nous fait dire que les entreprises n’aident pas leurs collaborateurs à prendre en compte la réalité du client dans son parcours.  Pour illustrer ce point, l’étude nous apprend d’ailleurs que l’écart de perception est encore plus fort quand les indicateurs de performance client ne sont pas partagés avec les collaborateurs.
    3. Manque de maîtrise de l’expérience client. Les entreprises n’ont pas défini l’expérience client cible. Avec un tel travail, les collaborateurs connaissent le sens de leur action, savent comment ils doivent agir et connaissent les sources de satisfaction des clients.
    Cette déformation de la perception est l’enseignement le plus important du Baromètre Cultures Services, il nous montre que les organisations doivent faire face à la réalité et avoir à cœur d’écouter leurs clients et leurs collaborateurs en symétrie.
    Les entreprises doivent définir une expérience client cible, qui leur permettra de maîtriser et de faire progresser la satisfaction des clients dans les moments de vérité de la relation, avec l’intention de se différencier avec la concurrence.
    Avec une telle maîtrise de l’expérience client, il est possible de réconcilier l’exigence vis-à-vis des collaborateurs et le bien-être au travail. Bref, mettre en œuvre la Symétrie des attentions !

    Retrouvez mes videos sur la chaîne YouTube (dont la première video des "Mots qui tuent").

     Demandez les résultats complets du Baromètre Cultures Services en suivant ce lien.

    Billet écrit par Thierry Spencer, auteur du blog Sens du client et Directeur Associé de l'Académie du service. 

    Quiz de l'été du Sens du client

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    J'ai pris l'habitude de faire chaque été un quiz en pensant à ceux qui sont seul(e)s au bureau ou bien tranquillement installés les doigts de pied en éventail sur leur lieu de vacances.
    En 10 questions, vous revisiterez mes publications des 12 derniers mois avec des faits marquants, des chiffres étonnants ou des citations à méditer. A l'issue de la période estivale (le 1er septembre, je tirerai au sort un participant - quelque soit son résultat- et j'aurai le plaisir de lui offrir un exemplaire du livre Management de la relation client que j'ai co-signé avec Benoît Meyronin).

        Pour démarrer le quiz, cliquez sur ce lien.   

    13 millions de pirates, 13 millions de clients frustrés

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    L'excellente étude d'EY nous apprend que 13 millions de consommateurs français sont des pirates et consomment illégalement 2,5 milliards de contenus audiovisuels. Ces méchants "clients" amputent le budget de l'Etat de 430 millions d’euros de recettes fiscales, impactent plus de 2.000 emplois directs et réduisent de 265 millions d’euros les versements aux créateurs et ayants droit.
    Au mois de novembre dernier, après la fermeture du site pirate "zone téléchargement" le délégué général de l'Alpa (Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle) déclarait : "J'espère que les internautes auront compris qu'ils participaient au financement d'une organisation délictuelle.".
    C'est vrai ça, j'espère que les méchants internautes vont se tenir à carreau et ne pas vouloir consommer le contenu audiovisuel qu'ils désirent. J'espère bien que les clients vont enfin comprendre qu'ils n'ont pas le droit de voir le film de leur choix quand ils le souhaitent. Il ne manquerait plus qu'on réponde à la demande de 13.000.000 de clients ! Laissons ça plutôt à ceux qui mettent illégalement du contenu en ligne, qui sont pour le coup les vrais délinquants.

    Il y a longtemps dans une galaxie lointaine, très lointaine
    Il y a 40 ans le 19 octobre 1977, bien installé en culottes courtes dans mon siège de cinéma à la séance de La guerre des étoiles, je voyais pour la première fois les aventures de Luke Skywalker, cinq mois après sa sortie aux Etats-Unis. Il faudra attendre cinq ans pour que le film sorte en cassette video outre Atlantique (uniquement en location dans un premier temps et cinq mois plus tard à la vente) et soit proposé aux 500.000 abonnés américains de la chaîne payante HBO (qui compte aujourd'hui 134 millions d'abonnés). Sa première diffusion sur une chaîne de télévision américaine remonte quant à elle à 1984. Une autre époque...
    Comme tous les spectateurs des années 70, je ne me posais pas de questions car je n'avais aucun moyen de savoir quand ni comment j'allais le revoir (même en utilisant la Force).
    On craignait à l'époque que les cassettes video ne tuent le cinéma comme Darth Vader faisant disparaître Obi Wan Kenobi d'un coup de sabre, de la même façon qu'on avait craint la fin du cinéma avec l'arrivée de la télévision dans un épisode de la saga des médias précédent.
    Le gouvernement français instaure à cette époque ce qu'on appelle la "chronologie des médias", prenant en compte l'intérêt des professionnels et des artistes avant celui du spectateur, qui, de toutes façons, n'avait pas d'autre moyen de consommer. On décide que le délai de diffusion d'un film à la télévision est de trois ans pour les chaînes qui n’ont pas coproduit le film, deux ans pour celles qui ont coproduit le film et un an pour notre chaîne cryptée nationale, Canal Plus. La sortie en video est alors fixée à un an après la sortie.

    40 ans plus tard...
    Sur la façade en rénovation de l'église Saint Augustin près de mon bureau (image de ce billet) je vois l'affiche du film OKJA et son slogan qui ne manque pas d'ironie : "Un grand film de cinéma".
    Vade retro satana !
    Le grand satan américain Netflix, plateforme vidéo américaine qui compte 100 millions d'abonnés, a décidé de ne pas sortir en salle le film du réalisateur sud-coréen Bong Joon-ho, mais directement sur sa plateforme de streaming en ligne.
    Alors que le film est présenté au festival de Cannes, la Fédération nationale des cinémas français, tel l'exorciste, invoque le ciel et cite la bible des exploitants vertueux, poussant les organisateurs du festival à revoir les règles de sélection, et incitant les exploitants courageux qui désiraient projeter ce film en salle à le retirer de l'affiche.
    Il ne manquerait plus qu'on bouleverse l'ordre établi, notre fameuse chronologie des médias qui impose au consommateur d’œuvres audiovisuelles le support et la période de consommation.
    Netflix, à la suite de cette polémique, a publié le blasphème, pardon, le communiqué suivant : "Nous souhaitons que nos abonnés français aient la possibilité de regarder ces films où et quand ils le désireront, comme tous nos autres membres à travers le monde. Nous sommes convaincus que les cinéphiles français n'ont pas envie de voir ces films trois ans après le reste du monde".

    De la même manière que je garde mon âme d'enfant à chaque visionnage de la Guerre des étoiles, j'essaye d'aborder les questions relatives au client avec candeur. Je ne peux pas m'empêcher de penser que la situation de l'audiovisuel est complètement surréaliste et déconnectée de la réalité des usages du client.
    Le monde a changé. Internet est arrivé, offrant au client un nouveau mode de consommation, forgeant sa conviction qu'il peut avoir ce qu'il veut, quand il veut et sur le support de son choix.
    Dès lors, pourquoi les professionnels du cinéma concentrent-ils tous leurs efforts à essayer d'endiguer un tsunami digital et mondial ?
    Pourquoi voient-ils des clients potentiels comme des pirates irresponsables ?
    Pourquoi ne pensent-ils pas à un nouveau modèle économique ?
    Pourquoi ne font-ils pas en sorte de rendre disponible toutes les œuvres audiovisuelles en temps réel sur tous les supports plutôt que d'empêcher et de condamner des clients désireux de voir l'oeuvre de leur choix ?

    Le faux argument de la gratuité
    Les clients pirates, en plus d'être des irresponsables, ne seraient en outre pas prêts à payer pour voir l’oeuvre de leur choix. C'est faux, bien entendu et il faut être vraiment aussi aveugle qu'un stormtrooper dans Star Wars avec son casque à visière réduite pour ne pas le voir.
    Le cabinet EY nous révèle dans son étude que la propension des pirates à payer par support est proche -et parfois supérieure- aux prix de marché actuels. Concrètement, combien les pirates sont-ils prêts à payer un film au moment de sa diffusion ? Voici les réponses :
    • 5.7 euros alors qu'ils paieraient leur billet au cinéma 6.5 euros en moyenne.
    • 7.7 euros alors qu'ils paieraient un DVD 8.2 euros
    • 4.8 euros alors qu'ils paieraient 4.4 euros sur une offre de TV à la demande (TVOD)
    • 6.8 euros alors qu'ils paieraient 5 euros en SVOD (video à la demande par abonnement)
    De la chronologie des médias à la chronologie du client
    Les nouveaux modes de consommation des médias bouleversent une industrie empêtrée dans des accords professionnels et des réglementations d'un autre âge, conçues pour le bénéfice de professionnels hors sol plus soucieux de leur intérêt financier immédiat que de la satisfaction du client.
    Les professionnels de nombreux secteurs n'ont pas conscience que les attentes du client ont évolué et que ses capacités ont considérablement augmenté. Ils n'ont en outre pas conscience que le monde change vite, très vite. Les accords de 2009 sur la chronologie des médias (mettant à jour ceux de 1980) sont déjà trop vieux et déconnectés de l'environnement du client. 
    Pascal Rogard, le directeur général de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), qui a refusé de signer l’accord de 2009, déclarait : (l’accord) "est un blocage des vieux contre les jeunes". L'accord est "anachronique", ajoutait le producteur Vincent Maraval.
    La situation est sensiblement différente pour les séries dont je ne parle pas dans ce billet, mais elle témoigne d'une offre de diffusion insuffisante. Game of Thrones détient désormais le record de la série la plus piratée de la planète. Le premier épisode de la saison 7 aurait été téléchargé ou vu en streaming illégalement près de 90 millions de fois la semaine suivant sa première diffusion.

    Les pouvoirs publics comme les professionnels, ayants droit, auteurs, distributeurs, diffuseurs sont figés dans une posture et masquent leur incapacité à développer l'offre légale et donc satisfaire une demande du marché par la stigmatisation de pratiques illégales mais parfaitement compréhensibles. C'est comme s'ils ne pouvaient pas penser le monde différemment qu'en l'état.

    La question que cette histoire devrait nous inspirer est que nous devrions nous demander chaque jour ce qui empêche nos clients d'être satisfaits. Nous devrions penser que certaines règles sont absurdes, déconnectées des usages et des attentes. Nous devrions penser à un client libre et responsable, prêt à payer pour un produit ou un service qu'il souhaite consommer dans les conditions de son choix.
    Si nous ne changeons pas les règles, si nous ne bouleversons pas des situations en statu quo, d'autres le feront et seront récompensés pour leur audace.

    Pour compléter, cette lecture, je vous invite à lire mes billets à ce sujet :

    Billet écrit par Thierry Spencer, auteur du blog Sens du client et Directeur Associé de l'Académie du service. 

    IRRITANT : ce n'est pas à moi de mettre les produits dans le sac !

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    Je fais la queue à la caisse d'un supermarché de proximité et mon tour arrive, mais une personne âgée est toujours en train de mettre ses achats dans son chariot. La caissière scanne mes produits et les pose en vrac près des produits de la cliente puis m'annonce la somme totale à payer. J'avais pris soin de lui demander deux sacs qui sont posés sur mes courses en tas sur le tapis. Je demande alors à la caissière si elle peut mettre mes achats dans les sacs, alors que je m'approche de la veille dame pour l'aider. Elle me répond alors :
    "Ce n'est pas à moi de faire ça".
    J'avais déjà fait cette expérience dans une autre enseigne (du même groupe) avec la réponse, digne d'un "mot qui tue" (voir mes billets à ce sujet) : "je ne suis pas payée pour ça !".
    Bien entendu, j'étais très irrité. Cependant, je ne me suis pas énervé tout de suite. Je suis rentré chez moi et je suis allé sur le site de l'enseigne. J'y ai découvert que les deux seules façons de joindre le service consommateur est de téléphoner à un numéro (gratuit, une bonne pratique) ou bien de prendre sa plume et d'envoyer un bon vieux courrier (pas d'email ni de formulaire de réclamation). Le jour de ma visite sur le site, qui plus est, le lien qui mène à l'enquête de satisfaction ne fonctionne pas (vous vous dites qu'il faut que ça tombe sur moi...).
    Comme mon aventure s'est déroulée un samedi (le 29 juillet dernier) et que le service par téléphone est ouvert du lundi au vendredi de 8h30 à 18h00 (pourquoi pas dans les mêmes horaires que les magasins ?), j'ai pris cette fameuse plume pour compléter ma collection de courriers de réclamation par voie postale.
    Dans cette lettre, je rappelle aux personnes en charge du service consommateur que les qualités requises pour être une hôtesse ou un hôte de caisse sont les suivantes : « Vous êtes souriant, dynamique, vous appréciez les contacts humains, vous êtes à l'aise pour communiquer à l'oral, vous avez une bonne aptitude à apprendre qui vous permettra d'accueillir au mieux nos clients. » (à lire sur le site de l'enseigne).

    La faute à qui ?
    Je ne blâme pas la caissière qui ne fait que suivre les consignes de son management et n'a vraisemblablement pas été embauchée pour son talent relationnel ni même été formée pour faire preuve d'une certaine empathie dans certaines situations, contrairement à ce que prétend l'enseigne.
    J'ai toutes les raisons d'en vouloir à cette dernière qui, pour commencer, n'a pas répondu à mon courrier au bout de 43 jours et affiche sur son site vouloir cultiver "ensemble, dans le même objectif de réussite, la créativité, l'efficacité et la bienveillance vis-à-vis de nos collaborateurs et nos clients."
    Les preuves sont donc loin de la promesse chez Franprix (Oui ça y est, je vous révèle le nom. Je ne tenais pas particulièrement à les accabler pour un incident qui peut paraître isolé mais il s'avère que jamais aucune caissière ni aucun caissier de ce magasin n'a jamais mis mes produits dans le sac).
    Et je ne peux pas m'empêcher de penser que mettre les produits dans le sac est une attention qui fait la différence dans les enseignes de proximité. Je ne parle pas des boutiques de luxe, ni des commerces de proximité tels que mon boucher ou mon boulanger. Et je ne parle pas de Nespresso non plus qui en a même fait un rituel de service...
    Je fais également la distinction avec les très grandes surfaces dans lesquelles les caissières sont amenés à manipuler jusqu'à une tonne de produits par heure (lire le billet du blog d'Anna Samà ce sujet, l'auteur du blog et du livre "les tribulations d'une caissière") et dans lesquels les clients acceptent de réaliser une partie du travail en échange de prix plus bas (lire l'ouvrage de Marie-Anne Dujarier, sociologue du travail et des organisations et chercheuse au Laboratoire CNAM-CNRS : "Le travail du consommateur").
    J'ai le sentiment que les enseignes dites "de proximité", qui se développent sous de nouveaux formats et de nouveaux concepts depuis quelques années (lire mon billet "La grande distribution réinvente l'arabe du coin"), ont exporté leur savoir-faire sans s'adapter au client en centre-ville ni améliorer leur relation client. C'était précisément ce dont je doutais dans mon billet qui date de 2009...
    Les grands groupes de distribution, avec ou sans franchisés, peinent à favoriser le vrai esprit commerçant et leur management néglige la personnalisation du service, l'hospitalité, la convivialité, la politesse, la capacité d'adaptation au client, la souplesse dans l’exécution...

    Quelle enseigne de proximité met vos achats dans le sac ?
    Je ne cesse de m'étonner que les supermarchés de proximité négligent un geste de service aussi simple, ce qui a pour conséquence d'en faire pour ceux qui le mettent en oeuvre de façon adaptée une véritable signature de service.
    On ne s'étonnera pas que l'enseigne préférée des Français derrière Amazon, gagnante du Prix Excellence Client 2017, se distingue par le fait que les caissières et caissiers mettent les produits dans le sac. J'ai même assisté pas plus tard que ce week-end à une scène qui m'a donné l'idée d'écrire ce billet. Le caissier demande à la cliente si elle désire un sac. Elle répond "non merci, j'ai apporté le mien". Il lui répond alors "donnez-le moi madame, je vais mettre les produits dans votre sac". Ce billet aurait donc pu être aussi bien dans la rubrique "Applaudissement" que dans la rubrique "Irritant"...
    Vous avez peut-être deviné de quelle enseigne je veux parler...
    Je vais vous livrer l'extrait de l'interview de son PDG dans le dernier numéro du magazine Capital.
    "Vos caissier(ères) mettent les achats dans le sac du client. C'est rare.", demande le journaliste de Capital (vous noterez qu'il le considère dans sa question comme un acte inhabituel lui aussi). Philippe Dailliez répond : "En prenant les commandes de l'entreprise fin 2015, j'ai découvert un sens du service remarquable. Ce n'est pas un message rabâché par la direction. Nos responsables de magasins se vivent comme des commerçants de proximité, et cette culture du service se transmet des anciens aux nouveaux assez naturellement."
    J'ajoute à cet extrait d'interview, une phrase issue du discours du PDG de l'enseigne à laquelle je fais référence lors de la remise du prix Excellence Client 2017 auquel j'ai participé en tant que co-organisateur "Le secret, c'est se comporter en commerçant de proximité", (...) l'axe clé sur notre chemin, ce sont nos équipes, des commerçants qui font la satisfaction du client au quotidien et j’en suis très admiratif."
    Vous avez deviné ?

    Il s'agit de Picard qui nous prouve qu'un simple geste comme celui-ci est presque devenu une signature de la marque, avec le bon sens d'un commerçant !

    Je vous invite à lire mes billets à propos de la grande distribution, des caisses et de ses irritants :



    Un billet de la catégorie Irritantécrit par Thierry Spencer, auteur du blog Sens du client et Directeur Associé de l'Académie du service. 

    L'enchantement client n'est plus ce qu'il était

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    Tous les trois ans, la société KPAM réalise une étude sur l'enchantement client et sa dernière édition nous révèle quelques tendances à ce propos. KPAM, le spécialiste de l'analyse des verbatims à des fins d'étude du parcours client a interrogé un panel représentatif de Français et leur a demandé de raconter leurs meilleures et leurs pires expériences de client.

    J'ai eu l'occasion de tester cette technique d'étude dans mes missions de conseil à l'Académie du service pour de nombreuses sociétés en partenariat avec KPAM et son dirigeant Laurent Garnier, et j'avoue y trouver à chaque fois une source de diagnostic de l'expérience client extrêmement riche et pertinente.
    De l'étude nationale que KPAM a bien voulu partager avec moi, je tire trois grandes tendances :
    Le désenchantement naît après la vente
    L'étude nous apprend que la partie du parcours client qui suit la transaction est la plus génératrice de désenchantement, avec plus de 6 sujets sur 10 exprimés spontanément par les clients (contre 4 sur 10 pour l'achat/la transaction -le "pendant"- et presque rien à propos de "l'avant"). Un phénomène déjà détecté dans l'étude réalisée en 2013 mais qui semble s'amplifier dans la nouvelle vague.
    Suivi de commande, emballage, livraison, accompagnement, conseils d'utilisation, SAV, service client, facturation, fidélisation... sont autant de sujets qui peinent à porter ce que nous nommons l'enchantement, et pourtant, ils constituent la majorité de l'expérience. Seulement 2 sujets de verbatims sur 10 sont relatifs à une expérience de grande satisfaction après un achat ou une souscription. KPAM en tire une conclusion majeure dans son étude : "La transaction était la fin de la relation. Aujourd'hui c'est juste le commencement. L'enjeu est de savoir prolonger l'enchantement et nourrir l'après-transaction".
    A ce sujet, je partage avec KPAM une analyse à propos de la distribution qui nous fait dire que le moment de la livraison devient un véritable moment de vérité du parcours client. J'ai l'occasion sur ce blog de raconter mes irritants et mes sources d'enchantement et j'ai par exemple développé le sujet du colis au mois de juin dernier dans un billet intitulé 6 raisons de faire d'un colis une source d'enchantement du client en donnant de nombreux exemples, de Vente-privée à Amazon en passant par Nespresso et L'Occitane.
    Nos points de vue semblent corroborés par une étude réalisée en 2016 de MetaPack sur le thème de la livraison et de l'ecommerce dans laquelle on apprend que 38% des clients n'achètent plus jamais sur un site après une expérience de livraison négative.
    Le pilier de la singularité en forte croissance
    KPAM distingue cinq piliers de l'enchantement (Les prestations, l'orientation client, la singularité, la facilité et l'intégrité), et parmi lesquels celui qui qualifie la situation pendant laquelle la marque adapte l'expérience en fonction des particularités du client, appelé "singularité". Entre les deux dernières études, ce sujet est abordé deux fois plus par les clients interrogés en tant que source d'enchantement.
    Cette tendance fait écho à mes propres tendances 2017 et notamment "le client sera unique",  dans laquelle j'apportais une preuve issues d'une étude de Salesforce : 66% des clients sont susceptibles de changer de marque si celle-ci leur fait sentir qu’ils sont traités comme un numéro plutôt que comme un individu.
    L'expérience sans effort tend à devenir un standard
    Le pilier dit de "la facilité" (quand l'expérience est fluide, facilitée : le principe du moindre effort) est en recul. Selon KPAM "Les clients sont moins bluffés par l'hyperfacilité et l’hyperactivité". A cet égard, la société d'études relève dans son rapport que les sources d'enchantement liées à une expérience client dans l'e-commerce sont 3 fois moins nombreuses qu'en 2013. Autrement dit, l'enchantement lié à l'e-commerce est passé en partie dans la normalité. J'y ajouterais un autre indice, issu du Baromètre de l'effort client de l'AFRC qui nous indiquait fin 2016 que le taux d'effort relevé sur plusieurs parcours d'achat type ne cessait de baisser (lire mon billet de tendance "Le client sera nul"), il était de 40% en 2014, pour 31 en 2015 et 29 en 2016.

    En conclusion : l'enchantement n'est pas mort
    Bien que ce terme ait connu un certain effet de mode il y a quelques années, l'enchantement client n'est pas mort. Historiquement il a connu sa première mise en question par le fameux article "Stop trying to delight your customers" de la Harvard Business Review qui en 2010 posait les bases de la mesure de l'effort client en prétendant que l'heure était à la résolution des problèmes des clients et non plus à son enchantement (le "delight"). C'était la période de la croissance de l'e-commerce, du développement des applications mobiles et autres solutions digitales rendant la vie plus facile au client. La mesure de l'effort client est née à cette époque, alors que l'expérience client devenait le nouveau focus des entreprises.
    L'enchantement client, ce n'est ni plus ni moins que la capacité des entreprises à transformer un parcours lambda en expérience mémorable générant une grande satisfaction, une interaction ou une interface en bonne histoire à raconter à ses proches.
    L'histoire mémorable, c'est justement le verbatim, c'est la matière première de cette étude, c'est ce qui reste quand on a vécu une expérience.
    Comme le disait si justement l'essayiste Gilles Lipovetsky, le consommateur devient un collectionneur d'expérience (lire mon billet "le client sera collectionneur"), il se forge une nouvelle opinion sur ses différents parcours et considère rapidement telle ou telle expérience satisfaisante comme un standard.
    Nous devons retenir de ces tendances que les entreprises doivent rester très vigilantes sur l'évolution des standards, et surtout attentives à ce que leurs clients vivent en dehors des expériences qu'il font avec elles.

    Pour obtenir une présentation complète de l'étude, rendez-vous sur le site de KPAM pour prendre contact avec eux.
    Billet écrit par Thierry Spencer, auteur du blog Sens du client et Directeur Associé de l'Académie du service. 

    Câlinez vos réclamants ! (Hug your haters), un livre pratique et instructif

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    Hug your haters, qu'on pourrait traduire par "Étreignez ceux qui vous détestent", ou par "Câlinez vos réclamants" est un des ces livres américains que j'aime. Un titre à la formule qui accroche, un contenu simple et pratique avec des partis-pris forts, pas de grandes théories fumeuses : du concret et de la bonne humeur. Voici les principales raisons de le lire :

    1. Parce qu’on n’aura jamais trop de livres sur la gestion des réclamations. En tant que membre de l'Association pour le MAnagement de la Réclamation Client depuis 2006, je suis le premier promoteur d'une démarche de gestion active de la voix du client et je me réjouis chaque jour qu'une telle association existe en France. Vous me direz, ce n'est pas le premier livre sur le sujet et vous aurez raison. Simplement, les attentes des clients évoluent et les moyens de s'exprimer gagnent en impact. Dans son introduction, Jay Baer cite une étude de l'Université de l'Arizona qui prouve que, malgré les moyens accrus et l'expansion d'internet, le taux de satisfaction des clients réclamants n'a pas évolué depuis 1970 ! Nous n'avons donc pas fini d'apprendre à nous améliorer sur ce sujet.
    2. Parce qu'il s'inscrit dans ce que j'avais nommé "Le nouvel âge de la relation client"...en 2009. Dans ses recherches, l'auteur a appris que 62% du volume des réclamations est fait pour le premier contact sur des canaux privés et que la tendance est à la baisse sur ce type d'expression. Parce que chaque jour il est plus facile de s'exprimer sur les médias sociaux et les sites d'avis en ligne, on peut s'attendre à ce que la relation client devienne un "spectator sport" (une discipline en public, ou un sport-spectacle). L'auteur rapporte une étude de Lithium et Harris qui nous apprend que 2/3 des Américains et 3/4 des Français considèrent l'appel à un service client en tout dernier ressort pour résoudre un problème. Ajoutons à cela les éléments que j'ai pu rapporter dans mon billet de tendance 2017 "le client sera synchrone"à propos de la préférence des clients pour les canaux offrant une réponse immédiate et vous aurez une idée du futur des réclamations de vos clients.
    3. Parce qu’il apporte des éléments inédits sur la réclamation. Ce livre est l'occasion pour l'auteur de publier une étude inédite sur le profil des réclamants, et notamment les usages des réclamants fréquents (qui représentent 19% du total des clients mécontents qui s'expriment, ayant fait au moins 7 réclamations et plus dans les 12 derniers mois). Je retiens trois chiffres marquants issus de cette étude.
      1. Les réclamants fréquents ont un compte Facebook pour 94% et un compte Twitter pour 70% d'entre eux.
      2. Les réclamants fréquents sont possesseurs d'un smartphone pour 84% d'entre eux (vs 67% pour les réclamants occasionnels)
      3. 43% des réclamants fréquents utilisent Facebook quotidiennement et 61% utilisent Twitter à cette fréquence.
    4. Parce qu'il établit des profils de réclamants. Il appuie son point de vue sur son étude et établit deux grands profils de clients qui s'expriment à destination des entreprises.
      1. Les Offstage Haters (les réclamants en coulisses, ou ceux qui vous détestent en privé). Ils se plaignent 2,84 fois par an, ils sont sur-représentés parmi les personnes plus âgées (95% des 55-64ans ont fait une réclamation uniquement à destination de l'entreprise) et préfèrent d'abord se plaindre par téléphone ou par email de façon privée. Moins extravagants, moins véhément, les Offstage Haters ont des motivations et des comportements différents selon qu'ils rédigent un email construit ou bien prennent le temps de téléphoner au service client de l'entreprise. Selon l'auteur, 90% des réclamants auraient été des "offstages haters" dans leur vie.
      2. Les Onstage Haters (les réclamants en public, ou ceux qui vous détestent "sur la scène publique") sont ceux qui, dans le cas d'une insatisfaction, vont privilégier d'abord les espaces publics, c'est à dire les médias sociaux (sites d'avis, réseaux sociaux et forums). Sans grande surprise ils sont en proportion plus nombreux parmi les 25-34 ans (81% d'entre eux ont écrit un commentaire de type réclamation publiquement). Possesseurs de smartphone à hauteur de 79%, ils publient en moyenne 3,51 réclamations par an. 
    5. Parce qu'il aborde le sujet des clients "fous". Les médias sociaux ont offert aux clients une caisse de résonance exceptionnelle et transformé certains "onstage haters" en véritables trolls (pour utiliser le terme qualifiant les auteurs de commentaires provocants). Il rapporte à propos de la gestion de cette catégorie de clients, des règles de bon sens extraites d'interviews de responsables d'entreprises (dont Century 21 et son Directeur des médias sociaux). Lors de la publication d'un message de haine pure, censé déclencher la polémique et les échanges violents, le premier réflexe est de faire des recherches sur l'auteur quand c'est possible afin de savoir à qui on s'adresse et les risques que l'on prend. On relira à ce sujet mon billet intitulé "la parabole du surfer d'argent" et la chronique d'un livre utile "Communication de crise et médias sociaux".
    6. Parce qu'il traite du sujet de la réponse. En se basant sur sa segmentation des réclamants et sur les canaux de réclamation, il nous livre les résultats de son étude concernant les attentes des clients sur la réponse. Si 89% des clients s'attendent à une réponse en écrivant un email (et reçoivent une réponse pour 79% d'entre eux), ils sont respectivement 42% sur les réseaux sociaux et 53% sur les sites d'avis. La proportion de ceux qui reçoivent une réponse sur ces canaux est de 40% pour l'un et 53% pour l'autre. Ce qui fait dire à l'auteur que la réponse sur les réseaux sociaux serait une bonne surprise pour la moitié des réclamants et une véritable source de différenciation pour l'entreprise. Lorsque je travaillais pour un site d'avis client avant de rejoindre l'Académie du service, j'avais l'habitude de recommander à mes clients de répondre à tous les avis, qu'ils soient positifs ou négatifs. L'auteur, en publiant des résultats d'étude à propos des délais de réponse qui n'ont pas un effet aussi fort qu'il imaginait sur la recommandation des clients, conclut sur le fait qu'il vaut mieux répondre partout que répondre vite.
    7. Parce qu'il nous apporte des preuves à propos des effets d'une bonne gestion des réclamations. C'est certainement le sujet le plus sensible et le plus utile pour tous ceux qui vont négocier leur budget annuel auprès de leur direction générale sur les moyens accordés au service client. Tout le monde n'a pas la chance d'avoir Jacques-Antoine Granjon comme patron (le Président de Vente-privée que j'ai interviewé sur mon blog) qui ne cesse de répéter que le service client n'est pas un coût mais un investissement. Dans un de mes billets, je prétendais que les convictions ne suffisaient pas dans une entreprise et qu'il fallait des preuves. En voici quelques-unes : l'auteur a interrogé les clients réclamants ayant fait une réclamation et a comparé les niveaux de recommandation (par le NPS) selon qu'ils avaient reçu une réponse ou pas. Par email : 8 points de NPS si le client reçoit une réponse, -56 s'il n'en reçoit pas. Sur les médias sociaux : 20 point sde NPS en cas de réponse, -43 en cas de non-réponse. Sur les sites d'avis : 16 points en cas de réponse, -37 de NPS en cas d'absence de réponse. A ces résultats sur les effets de la réponse elle-même, s'ajoutent ceux de la résolution du problème et de la fidélité des clients qui en découle. On relira à ce propos mon billet "Les histoires d'amour commencent mal en général".
    Le livre indique également de nombreuses recettes sur la gestion des réclamations que vous pourrez découvrir, toutes pétries de bon sens et adaptées aux profils développés par l'auteur, Jay Baer.
    Si je suis autant enthousiaste pour ce livre, c'est qu'il traite d'un de mes sujets favoris : la gestion de la voix du client. Jay Baer le prétend dans son livre : savoir gérer les réclamations est une source de différentiation majeure pour les entreprises.
    Puisse ce nouveau et enthousiaste livre apporter de nouveaux arguments et des idées convaincantes aux plus sceptiques. Mais si vous lisez ces lignes vous n'en faites pas partie j'en suis certain. A vous d'utiliser cette chronique de livre ou cet ouvrage entier pour vos collègues, dirigeants ou actionnaires...

    Si vous désirez commander ce livre tout de suite, suivez ce lien.

    Billet de la catégorie Livres écrit par Thierry Spencer, auteur du blog Sens du client et Directeur Associé de l'Académie du service. 
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